Le Figaro revient sur l’histoire chargée de bravoure des «goumiers» marocains

A travers un voyage dans le temps et dans l’espace, le journal français Le Figaro est revenu, lundi, sur l’histoire chargée de courage et de bravoure des «goumiers» marocains et sur les sacrifices qu’ils ont consentis pour la libération de la France.

Sous le titre : «Au Maroc, la France reste fidèle aux goumiers de la libération», le quotidien relate, dans une enquête qui a mené son auteur à la station vosgienne de la Bresse Hohneck mais aussi dans la région d’Azilal, au Maroc, certains des souvenirs que gardent encore en mémoire deux parmi ces hommes toujours en vie.

L’auteur de l’enquête, Jean Chichizola, est allé ainsi à la rencontre de Bassou Zouza, un centenaire, et de Mohammed El-Battaoui, 96 ans, pour entendre l’histoire se raconter de la bouche même de ceux qui l’ont vécue et qui, avec d’autres de leurs compatriotes, se sont battus, il y a des dizaines d’années, pour que les vacanciers à la station vosgienne de la Bresse Hohneck et tant d’autres avec eux «naissent dans un pays libre».

Liés à jamais par le sang versé, ils représentent la mémoire vivante d’une histoire commune, écrit le journaliste en indiquant qu’à quelques kilomètres de la station, «un simple roc fouetté par le vent d’hiver est planté au bord de la route. Il célèbre la mémoire d’hommes qui, il y a bientôt 75 ans, se sont battus pour que ces vacanciers et tant d’autres avec eux naissent dans un pays libre. Sur un écriteau, une simple inscription: +Aux goums marocains+».

Côté Maroc, «un autre roc vous attend près d’Azilal», affirme Le Figaro désignant Bassou Zouza qui fit partie des «goums», des unités de montagnards, créées en 1908 et entrées dans l’Histoire, au prix de plus de 9.000 morts et blessés sur 22.000 combattants, entre 1943 et 1945.

Son engagement en 1939, ses souvenirs des combats de l’automne 1943 en Corse, premier département libéré, les violents épisodes de la guerre auxquels il a participé, sa blessure un jour de juin 1944 après avoir reçu une balle dans la poitrine, le souvenir aussi, ou plutôt le cauchemar, des – 20 °C et de la neige alsacienne, l’Indochine, autant de faits mémorables évoqués par l’auteur de l’enquête qui rappelle que la France a décerné, en signe de reconnaissance, à Bassou Zouza, le 16 octobre 1943, une citation et la Croix de guerre.

«La fraternité d’armes m’a énormément manqué durant toute ma vie. Nous étions mieux que des frères. Français ou Marocains, nous nous protégions, nous nous aidions. Nous étions comme une famille», dira le goumier au journaliste venu à sa rencontre.

Un récit similaire a été fait par un autre goumier, Mohammed El-Battaoui, qui garde toujours vivaces dans sa mémoire les souvenirs de son recrutement un jour de 1941 et de son premier combat, en 1943, au nord de Naples, ainsi que ceux de son déploiement en Provence en août 1944 et de sa participation à la libération de Marseille, suivie de la remontée de la vallée du Rhône au milieu d’une population heureuse d’être libérée «de la colonisation des Allemands».

«Dans les goums, Marocains et Français étaient comme des frères», assure-t-il.

Par devoir de mémoire et pour entretenir la flamme du souvenir et de l’amitié franco-marocaine, le journal indique qu’à Casablanca, «une petite équipe franco-marocaine aux allures de commando pacifique se livre corps et âme à cette tâche». «Forte de vingt personnes, dont onze Marocains, beaucoup étant enfants d’anciens combattants sous le drapeau tricolore, l’antenne marocaine de l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONACVG) œuvre depuis des décennies», précise-t-il.

Aujourd’hui, le Maroc compte encore, selon le quotidien, quelque 12.000 anciens soldats de l’armée française (essentiellement de la guerre d’Indochine) et quelque 20.000 veuves. Sa directrice, Muriel Baggio, sait que «le vrai tombeau des morts est le cœur des vivants» et que seule la passion permet d’aider et de se souvenir, rapporte Le Figaro.

Pour elle, «il est essentiel de ne pas oublier ceux qui se sont battus pour la France et de défendre ainsi la liberté qu’ils nous ont offerte. Car l’ignorance mène toujours à la servitude», ajoute-t-il.

Le journal souligne que les 20 passionnés de «Casa» ont quatre missions, qu’il reprend une à une en les détaillant.

En premier lieu, la reconnaissance et la réparation via la carte du combattant, les pensions pour les soldats, veuves, orphelins.

Seconde mission, la solidarité, qui passe par la réunion quatre fois l’an d’une commission d’action sociale avec des représentants des ministères et d’associations du monde combattant.

Troisième champ d’action: les soins médicaux et l’appareillage des mutilés de guerre.

Quatrième et dernier chantier: la transmission mémorielle par des livres, films, expositions, mais aussi par l’entretien des sept carrés militaires français du pays.

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