Le bassin méditerranéen se réchauffe 20% plus vite que la moyenne mondiale

Le basin méditerranéen est particulièrement touché par le réchauffement climatique avec une augmentation des températures supérieure de 20% à la moyenne mondiale, selon un rapport réalisé par le réseau méditerranéen d’experts sur les changements climatiques et environnementaux (MedECC).

"La région méditerranéenne, qui abrite 500 millions de personnes, est l’un des points chauds les plus en vue du changement climatique et environnemental. Elle s’est réchauffée d’environ 1,5 °C depuis l’époque préindustrielle, soit 20% plus vite que la moyenne mondiale", a précisé cette étude scientifique novatrice, dont les résultats ont été dévoilés, jeudi à Barcelone, lors du 4è Forum régional de l’Union pour la Méditerranée (UpM). La température régionale devrait augmenter de 2,2 °C d’ici 2040, et pouvant même dépasser 3,8 °C dans certaines sous-régions d’ici 2100, au cas où des mesures d’atténuation supplémentaires n’ont pas été prises, a averti le rapport, précisant que la hausse des températures implique des vagues de chaleur plus importantes et plus durables.

Pour la plupart des grandes villes de la région MENA, le mois d’été le plus froid de l’année sera plus chaud que le mois le plus chaud actuellement, ce qui se traduira par de longues périodes de chaleur extrême, a poursuivi l’étude, estimant que les sécheresses extrêmes deviendront plus fréquentes dans tout le bassin méditerranéen, entraînant des impacts importants sur de nombreux systèmes. Concernant l’élévation du niveau de la mer, bien qu’estimée jusqu’à présent à des niveaux plus bas, elle pourrait dépasser 1 mètre d’ici 2100, ce qui toucherait un tiers de la population dans les zones côtières de la région et mettrait en péril les moyens de subsistance d’au moins 37 millions de personnes en Afrique du nord, ont estimé les scientifiques de la région.

Ainsi, les villes méditerranéennes représenteront la moitié des 20 villes du monde qui subissent les dommages annuels les plus importants dus à l’élévation du niveau de la mer d’ici 2050. Ces coûts vont mettre à rude épreuve les ressources déjà limitées de nombreuses zones urbaines de la région, a expliqué l’étude, ajoutant que la productivité agricole dans les zones côtières est menacée par l’inondation des sols et les eaux souterraines par l’intrusion d’eau de mer.

Toujours selon le rapport, la disponibilité en eau douce diminuera probablement de 15% au cours des prochaines décennies, ce qui créera de graves contraintes pour l’agriculture et l’utilisation par l’Homme dans une région déjà touchée par la pénurie d’eau, estimant que plus de 250 millions de personnes seront considérées comme "pauvres en eau" dans 20 ans, ce qui aura probablement de nombreuses répercussions sur les moyens de subsistance, notamment des sources de conflits accrus entre les peuples et une migration de masse.

Parmi les effets du changement climatique sur les écosystèmes et la sécurité alimentaire en Méditerranée figurent les changements de la biodiversité, l’intensité des épidémies de méduses, l’invasion des moustiques tigres, l’augmentation de la demande en denrées alimentaires, la diminution de la qualité de plusieurs cultures et l’accentuation des déséquilibres régionaux en matière de sécurité alimentaire, a fait savoir le document.

Sur le volet de santé, l’étude a estimé que les maladies et les décès liés à la chaleur devraient devenir plus fréquents, en particulier dans les villes, en raison de l’effet d’îlot thermique urbain et pour les groupes de population vulnérables tels que les personnes âgées, les jeunes et les plus pauvres, notant que le changement climatique favorise l’apparition de maladies d’origine hydrique ou vectorielle, tandis que la dégradation de la qualité de l’air, du sol et de l’eau a des conséquences sur la santé humaine par le biais de maladies respiratoires et cardio-vasculaires, ainsi que sur un accès réduit à une alimentation saine.

Selon le rapport, la sécurité humaine est aussi menacée, dans la mesure où les risques côtiers d’inondations et de dommages causés par les tempêtes entraînent des risques importants pour les infrastructures et les moyens de subsistance humains, notant que les pays du sud et de l’est de la Méditerranée sont généralement plus vulnérables en raison de leurs capacités socio-économiques limitées d’adaptation aux changements environnementaux. Ce rapport majeur, élaboré depuis 2015 par un réseau de plus de 80 scientifiques de toute la région Euro-Méditerranéenne (réseau Medecc), constitue la plus grande évaluation scientifique des changements climatiques et environnementaux au niveau régional en Méditerranée.

Il vise notamment à fournir les meilleures informations scientifiques sur les risques liés aux changements climatiques et environnementaux pour la région méditerranéenne, faciliter la prise de décision et contribuer à la réalisation des contributions définies au niveau national dans le cadre de l’Accord de Paris et des plans d’adaptation nationaux, et à encourager la coopération régionale et concertée dans tous les domaines liés au changement climatique et environnemental.

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