La semaine de tous les dangers pour François Hollande
Ce sont des journées qui s’annoncent difficiles pour la gouvernance de François Hollande. Son usage du 49-3 pour faire passer en force, sans vote la loi sur la réforme du code de travail de Meryam El Khomry, a participé à cliver davantage le pays.
Par Mustapha Tossa
Mais est-ce pour autant que la contestation et les critiques vont cesser et s’évaporer. Rien n’est moins sûr. Les syndicats piqués au vif par ce recours ont décidé d’intensifier leurs mouvements de protestation pour bien signifier l’ampleur de leurs frustrations. La rue est en ébullition. Cette crainte est confirmée par les confrontations violentes devenues presque récurrentes qui opposent régulièrement forces de l’ordre aux manifestants vêtus de cagoules et qui donnent parfois le spectacle d’une scène de guérilla urbaine.
La gauche frondeuse reprend du poil de la bête et intensifie la violence de ses critiques. Il est vrai que cette gauche a échoué à la dernière minute à déposer sa propre motion de censure. Mais le message politique le plus fort est que l’intention de faire tomber le gouvernement et d’organiser des élections anticipées y était. Des députés de gauche ont voté une motion de censure présentée par la droite. Ce qui à la fois participe à casser les tabous et renseigne sur les ruptures béantes qui déchirent cette gauche censée se mobiliser comme un seul homme derrière un candidat pour battre demain la droite et écraser l’extrême droite.
Et c’est là où le bat blesse. Le passage en force de François Hollande n’a choqué que parce qu’il intervient après quelques semaines d’un spectaculaire recul sur la réforme de la constitution et une apparition d’une gauche plus frondeuse incarnée un temps par la fameuse sortie médiatique de Martine Aubry dans le journal Le Monde. Aujourd’hui, un homme comme Arnaud Montebourg refait son apparition et semble surfer sur cette frustration. Ce passage en force à choqué aussi parce qu’il intervient dans un contexte où le président sortant est en train de mobiliser ses forces pour mener la bataille du second mandat. Déjà affaibli par des sondages qui battent des records d’impopularité, François Hollande avait besoin d’une grande stratégie de rassemblement et de séduction. Dans tout ce qu’il a entrepris ses derniers temps, l’esprit du compromis et de la synthèse qui avait fait sa fortune politique, alors premier secrétaire du Parti Socialiste, semble lui faire cruellement défaut aujourd’hui comme président de la république et donc chef de la majorité.
Aujourd’hui, la gouvernance de François Hollande semble ramer dans une terrible solitude. Un ciel aux nuages noirs et orageux la couvre. Ses relais politiques et syndicaux vers ses bastions électoraux traditionnels ne semblent plus fonctionner malgré les nombreux cadeaux tonalité électorale distribués ces derniers temps…La menace de l’explosion sociale n’est pas loin et ne semble plus faire partie des ces exagérations attribués généralement aux oiseaux de mauvaise augure politique.. Le phénomène "Nuit debout " qui refuse de disparaître semble poser des défis de sécurité et de négociations sociales énormes à François Hollande. Comment fermer cette séquence de constations sociale pour se consacrer au déroulement des arguments de la reconquête. Et quand on rajoute à ce portrait déstructuré la guerre des égos au sein même du casting gouvernemental entre Manuel Valls qui piaffe d’impatience de formuler une alternative à François Hollande et Emmanuel Macron qui est déjà dans la stratégie du remplacement et du positionnement avec son mouvement "En Marche", François Hollande a besoin d’un vrai miracle pour envisager une vie politique après 2017.