La présidentielle avancée en Egypte, 49 manifestants tués
L’élection présidentielle en Egypte se tiendra avant les législatives, a annoncé dimanche le président par intérim Adli Mansour, une inversion du calendrier électoral susceptible de favoriser l’accession au pouvoir du chef d’état-major de l’armée, le général Abdel Fattah al Sissi.
Les Egyptiens s’attendent désormais à ce que le général Sissi, ancien chef du renseignement militaire sous Hosni Moubarak, annonce sous peu sa candidature à la présidentielle, dont il deviendrait alors le grand favori.
Cette élection est censée avoir lieu dans un délai de quelques mois après l’adoption mi-janvier d’une nouvelle Constitution par référendum, à une écrasante majorité mais avec une participation relativement faible.
Une élection d’Abdel Fatah al Sissi à la présidence marquerait le retour d’un militaire à la tête de l’Etat alors que l’armée a fourni à l’Egypte tous ses présidents depuis le renversement de la monarchie en 1952 jusqu’à celui d’Hosni Moubarak en 2011.
Le troisième anniversaire du soulèvement populaire ayant entraîné la chute d’Hosni Moubarak a été marqué samedi par de nouvelles violences à travers l’Egypte, pays profondément divisé entre partisans et adversaires des Frères musulmans, vainqueurs de toutes les élections organisées après la révolution de 2011.
Selon des témoins, 49 personnes sont mortes en participant à des manifestations antigouvernementales attaquées par les forces de sécurité et des partisans du nouveau pouvoir mis en place par l’armée.
TIRS À BALLES RÉELLES
Les forces de sécurité ont notamment tiré à balles réelles sur des partisans des Frères musulmans, dont est issu Mohamed Morsi, alors qu’ils tentaient de créer un rassemblement dans le quartier d’Alf Maskan, au Caire, a-t-on appris de sources proches des services de sécurité.
D’après ces mêmes sources, ce seul incident a fait 23 morts, dont 22 tués par balles, et ces décès sont inclus dans le bilan global de 49 morts fourni par les autorités.
Les Frères musulmans ont été déclarés en décembre organisation terroriste par les autorités provisoires, qui ne font aucune distinction entre les islamistes actifs dans le Sinaï et la confrérie, qui a rejeté la lutte armée dans les années 1970.
L’insécurité dans la péninsule du Sinaï s’est accentuée depuis l’éviction du président Mohamed Morsi, suivie d’une répression tous azimuts contre les Frères musulmans.
Trois soldats ont encore été tués dimanche dans cette région, a annoncé l’armée.
D’après des sources sécuritaires, les soldats rentraient de permission. Leur autocar a été attaqué à l’arme automatique et à la grenade.
Samedi, cinq autres soldats ont péri en opération dans la chute d’un hélicoptère. L’armée n’a pas précisé les causes de cet incident, mais des sources proches de la sécurité ont dit que l’appareil avait été touché par un missile.
Le tir a été revendiqué par le groupe djihadiste Ansar Baït al Makdis (Les Partisans de Jérusalem), qui s’est aussi attribué la vague d’attentats commis vendredi au Caire, faisant six morts au moins.
Dans un communiqué, l’armée a réaffirmé "la grande détermination de ses troupes à combattre le terrorisme et à mener à bien l’élimination complète des partisans de l’oppression, de la sédition et du blasphème parmi les fidèles des Frères musulmans".