Alors que, la veille, Laurent Gbagbo a soigneusement évité d’inclure la France – il a seulement fait référence à l’Union européenne – dans "le comité d’évaluation post-électoral" qu’il souhaite mettre en place pour dénouer la crise politique qui l’oppose à l’Alassane Ouattara, la réaction de Paris est attendue avec impatience. Selon toute logique, comme le camp Ouattara l’a fait savoir dès mardi soir, la main tendue par l’inamovible président ivoirien devrait être rejetée. Pour nombre d’observateurs, la sortie de Laurent Gbagbo, loin de vouloir ouvrir la voie à la négociation, a été analysée comme une tentative de gagner du temps. Elle intervient en tout cas au moment où les premières sanctions internationales se sont abattues sur lui et son clan.
En outre, en lançant, sans succès vendredi dernier, un ultimatum à Laurent Gbagbo, Nicolas Sarkozy a placé la France en première ligne dans le conflit ivoirien. Tout au long du week-end, l’entourage du président ivoirien – lequel refuse de prendre son homologue français au téléphone – a multiplié les déclarations hostiles contre l’ancienne puissance coloniale. Gbagbo, pour sa part, a officiellement demandé aux 900 soldats français du dispositif Licorne, de quitter le pays. Là encore sans succès. Dimanche, Michèle Alliot-Marie a en effet déclaré que les militaires, qui interviennent en soutien de la mission des Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci), poursuivront leur mission. Chargés, notamment, d’assurer la sécurité des quelque 15.000 expatriés français qui vivent en Côté d’Ivoire, les soldats riposteront s’ils sont attaqués, a prévenu la patronne du Quai d’Orsay.