Les personnalités réunies pour la journée n’étaient pas toutes favorables à la formation d’un gouvernement parallèle pour faire pression sur le président Bachar al Assad, non seulement dans la rue, mais aussi sur le plan politique.
Les 350 délégués présents, pour la plupart des dissidents en exil depuis plusieurs années, se sont toutefois entendus pour élire ce Conseil de salut national.
Il se réunira dimanche pour désigner les 11 membres d’un comité distinct chargé d’organiser un nouveau congrès "dont l’ordre du jour sera dominé par l’élection d’un gouvernement en exil pour aborder la période de transition après la chute du régime", a expliqué Adib Chichakli, militant démocrate issu d’une ligné de responsables politiques, installé en Arabie saoudite.
A l’origine, une conférence jumelle devait se tenir simultanément à Damas, grâce a un système de visioconférence. Sous la pression des services de sécurité, les intellectuels et dissidents syriens qui devaient y participer ont toutefois dû y renoncer.
Islamistes, militants de gauche, dignitaires tribaux, représentants de la communauté kurde et dissidents en exil n’ont que peu de choses en commun sinon leur hostilité au régime baassiste qui les persécute depuis des décennies.
Dépasser les luttes du pouvoir
"Le sens des responsabilité les poussera à dépasser les luttes de pouvoirs. S’ils ne le font pas, la rue les discréditera", a assuré Radouane Ziadeh, dissident réputé, qui vit à Washington.
Outre la formation d’un gouvernement parallèle, Wael al Hafez, l’une des figures de l’opposition présente à Istanbul, a lancé l’idée d’un mouvement de désobéissance civile.
"Je suis pour toute chose qui unifiera le peuple syrien, aidera la population et nous unira dans notre combat contre ce régime répressif, illégitime, qui a usurpé le pouvoir et bafoué les droits de l’homme", a-t-il dit devant les centaines de personnalités réunies en Turquie.
"Nous souhaitons intensifier les manifestations pacifiques en nous livrant à des actes de désobéissance civile, mais aussi en étouffant le pays économiquement, en le paralysant, le tout en causant le minimum de dégâts", a ajouté Wael al Hafez.
Vendredi, les troupes fidèles à Bachar al Assad, dont la famille gouverne la Syrie depuis 41 ans, ont tué 32 civils au cours d’immenses manifestations. Samedi, une personne a été tuée et cinq autres blessées lorsque les forces de sécurité ont ouvert le feu sur des manifestants près de la frontière irakienne.
En marge d’une visite officielle en Turquie, la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton a jugé la répression "inquiétante".
"La brutalité doit cesser. L’opposition doit faire un effort sincère et légitime pour essayer de faire changer les choses", a-t-elle déclaré lors d’une rencontre avec des jeunes dans un café.
"L’avenir de la Syrie est désormais entre les mains des Syriens et, bien évidemment, les efforts mis en oeuvre par l’opposition pour se rassembler, s’organiser et définir un agenda sont tout aussi importants", a estimé la secrétaire d’Etat américaine.
Son homologue turc, Ahmed Davutoglu, s’est montré beaucoup plus dur envers le régime de Bachar al Assad.
"Un gouvernement qui méprise les revendications de sa société ne peut pas survivre", a-t-il dit, après avoir conseillé au président syrien de mettre en place "une véritable thérapie de choc" pour ouvrir la voie à la démocratie.