Que cette table ronde se tienne avec des participants au complet et c’est déjà une performance à mettre sur le crédit du Roi du Maroc Mohammed VI qui a su créer une atmosphère encourageante par sa main tendue à l’Algérie et son célèbre discours du 6 novembre 2017 et à l’envoyé spécial personnel du SG des Nations unies, l’ex-président allemand Horst Köhler qui a su transformer l’essai en organisant cette rencontre inédite dans son format mais aisée à saisir dans son agenda et ses objectifs.
En présence du Maroc, l’Algérie, de la Mauritanie et du Polisario qui disposent pour la première fois d’une responsabilité et d’une implication égale, il s’agissait de déblayer le terrain, d’examiner les pistes de réflexions sur la table pour trouver une issue à la crise. De l’aveu de tous les participants, les discussions se sont passées dans une ambiance sereine et prometteuse. A tel point qu’une nouvelle table ronde est déjà programmée pour poursuivre ce travail de défrichage et de recherche de solutions de compromis.
Que les participants ne se soient pas séparés sur un différend ou une rupture fracassante est déjà en soi un signal positif qui pousse à l’optimisme pour la suite de ce processus. Le Maroc dont la délégation comptait des membres élus des provinces sahariennes est venu défendre la solution qu’il préconise depuis des années : une autonomie élargie sous souveraineté marocaine. Cette solution qui, au fil des années suscite adhésions et soutiens dans la plus part des forums internationaux, la seule plate forme proposée aux différents protagonistes de cette crise pour tenter de trouver les modalités de son application dans le meilleurs conditions .
Ce dialogue à quatre, trois pays, Le Maroc, l’Algérie et la Mauritanie au chevet d’une organisation séparatiste, le Polisario, met essentiellement la lumière sur le rôle d’Alger. La participation de son ministre des affaires étrangères Abdelkader Messahel est venue clore une longue et persistante séries de dénégations et de faux semblants de l’implication algérienne dans la crise du Sahara. Il est vrai que les médias officiels algériens ont repris la fausse antienne du « statut d’observateur » de l’Algérie dans cette table ronde. Prétentions bien démenties par l’envoyé spécial de l’ONU qui traitent tous les participants à égalité, verrouillant ainsi leurs responsabilités dans le succès espéré de ces négociations ou leur échec craint. L’Algérie est officiellement et publiquement partie prenante de cette crise. De son comportement et de sa disposition à encadrer le tropisme séparatiste du Polisario dépendront la paix retrouvée ou la poursuite de la tension dans la région.
La première table ronde était une occasion de se jauger les uns et les autres et de briser la glace qui s’est formée au fil des combats diplomatiques entre Rabat et Alger. Il s’agissait aussi de croiser les perceptions, certes clivantes, devant le regard et l’examen attentif des nations unies. Cette organisation est devenue par la même occasion le seul lieu habilité et légitime à réfléchir et à produire une solution à cette crise. Ce qui est en soit une grande victoire marocaine quand ses adversaires actionnaient des forums à la marge pour se créer une légitimité illusoire et continuer à entretenir des mythes chimériques de leur séparatisme.
Même s’il est condamné à prendre du temps, le processus de Genève aura pour objectif et finalité d’organiser l’adhésion de l’Algérie et du Polisario à la solution de l’autonomie élargie proposée par le Maroc, aidé en cela par la fameuse résolution des nations unies 2440 qui appelle à une solution réaliste, politique et de compromis entre les différents protagonistes de cette crise régionale.