L’ONU demande la remise « immédiate » à la CPI d’un commandant libyen
La mission de l’ONU en Libye (Manul) a demandé jeudi la remise « immédiate » d’un commandant des forces du maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’est libyen, à la Cour pénale internationale (CPI), après de nouvelles accusations d’exécutions sommaires à son encontre.
Ce commandant, Mahmoud Al-Werfalli, fait l’objet d’un mandat d’arrêt de la CPI qui l’accuse de "crimes de guerre" dans au moins sept incidents similaires en 2016 et 2017.
Sur la vidéo qui circule actuellement sur les réseaux sociaux, on peut voir un officier en uniforme militaire présenté comme Mahmoud Al-Werfalli abattant l’un après l’autre une dizaine d’hommes en tenue de prisonnier bleue, les yeux bandés et alignés à genoux sur le lieu de l’attentat à Benghazi, deuxième ville libyenne.
"La Manul est alarmée par les informations faisant état d’exécutions sommaires brutales", indique-t-elle sur son compte Twitter.
"L’ONU exige la remise immédiate de Mahmoud Al-Werfalli à la CPI", a-t-elle ajouté. Les exécutions ont coïncidé avec une visite effectuée mercredi par le chef de la Manul, Ghassan Salamé, dans l’est libyen où il a rencontré le maréchal Khalifa Haftar.
L’organisation de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch a indiqué de son côté ne pas être en mesure de vérifier l’authenticité de la vidéo ou des photos des exécutions.
Elle a toutefois qualifié de tels actes, de "crimes de guerre".
La CPI avait émis en août dernier un mandat d’arrêt à l’encontre de Mahmoud Al-Werfalli. Les forces loyales à Khalifa Haftar avaient alors indiqué que le commandant était en état d’arrestation. Elles affirmaient qu’il serait jugé par un tribunal militaire en Libye, semblant ainsi vouloir écarter une remise à la CPI.
Cette cour, basée à La Haye, a pour mission de poursuivre les plus hauts responsables de génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre lorsque les justices nationales ne le peuvent ou ne le veulent pas.
La procureure de la CPI, Fatou Bensouda, avait toutefois indiqué en septembre être "préoccupée au plus haut point" après avoir reçu des informations selon lesquelles le suspect serait "en fuite et aurait été impliqué dans d’autres meurtres".
Deux autorités se disputent le pouvoir en Libye: un gouvernement reconnu par la communauté internationale et basé à Tripoli, et une autorité qui exerce son pouvoir dans l’est avec le soutien du maréchal Haftar. Les forces loyales à ce dernier ont repris l’été dernier Benghazi à des groupes jihadistes. (afp)