L’enquête qui accuse Tariq Ramadan

En trois mois d’investigations, les policiers ont recueilli de nombreux éléments à propos des accusations de viol qui visent le théologien musulman. Celui-ci saura mardi s’il reste incarcéré.

"Ce n’est pas un aboutissement mais le début d’un long chemin", commente, satisfait, Me Jonas Haddad au lendemain de la mise en examen de Tariq Ramadan. Sa cliente, Henda Ayari, sera confrontée ultérieurement à celui qu’elle a été la première à accuser de viol. L’avocat rouennais ne cache pas qu’il a été contacté par d’autres femmes qui ont évoqué leurs relations intimes avec Tariq Ramadan. Plusieurs d’entre elles ont déjà été entendues par la police, dont deux sous le statut de témoin sous X. La mise en examen de l’islamologue leur permettra-t-elle de se libérer de ce que Me Haddad nomme "l’emprise, le système de crainte imposé par Ramadan" ? Pas moins de trois juges d’instruction sont en charge de ce dossier sensible qui pourrait rapidement prendre un caractère international, notamment vers la Belgique et la Grande-Bretagne.

Une cicatrice d’enfance

Anodine, la question est arrivée au milieu de la longue confrontation entre Tariq Ramadan et son accusatrice. Le policier : "Avez-vous une cicatrice sur le corps ?" "Oui, répond le gardé à vue. J’ai une petite cicatrice d’enfance, deux à trois centimètres maximum." "Pouvez-vous nous dire où elle se trouve", poursuit l’enquêteur toujours sur un ton badin. "Dans le pli de l’aine", précise alors Tariq Ramadan. "Sur quelle jambe ?", insiste le fonctionnaire du 2e district de police judiciaire (DPJ). "À droite", indique le théologien.

Depuis le début de ce face-à-face tendu mais respectueux qui durera plus de trois heures jeudi, deux versions s’opposent sur ce qui s’est passé entre les deux protagonistes au Hilton de Lyon le 9 octobre 2009. Absolument rien, selon lui, sinon une discussion de vingt à trente minutes sur la religion et des questions personnelles soulevées par "Christelle". Une pluie de coups, un viol et l’humiliation de se faire uriner dessus dans la baignoire d’une chambre d’hôtel, selon cette femme de 36 ans à l’époque, handicapée suite à un accident de voiture et qui a déposé plainte neuf ans après les faits.

"Dans sa plainte, reprend le policier, madame évoque justement la présence d’une cicatrice au niveau de l’aine. Comment l’expliquez-vous ?" "Je n’ai pas d’explication", rétorque Tariq Ramadan qu’un témoin décrit alors comme "cloué sur place". "La plaignante a été incapable de décrire et de situer précisément cette cicatrice", relativise un autre témoin de la scène.

Stéphane Joahny

LeJDD

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