Joyeux Ramadan J-22: « Personne ne décidera sous mon toit de ce qui est halal ou haram »

– Par Narjis Rerhaye –

Alors que les dix derniers jours du ramadan ont commencé jeudi, c’est un étrange décompte qui a commencé dans ta tribu. Les plus pieux que pieux se font encore plus pieux. Les pieux du ramadan tentent de se racheter en faisant un calcul purement mathématique basé sur le fait zaama que la nuit du destin est meilleure que 1000 mois. « A vos calculettes ! » balance ton oncle, apôtre de la laïcité et libre penseur à l’occasion.

Hajja Meftaha,ta grand-mère, que Dieu l’accueille en sa sainte miséricorde, a toujours détesté les signes extérieurs de piété : kilomètres d’étoffe grossière et sombre couvrant le corps, barbe hirsute cachant le visage, chapelet YSL au poignet et Rokia Chariiya en boucle sur le I phone pour les plus connectés. Son islam à elle était joyeux, bon enfant et tellement conciliant. « Personne ne décidera sous mon toit de ce qui est halal ou haram. Ce n’est pas aujourd’hui qu’on va m’expliquer le licite et l’illicite tel que présenté par ces chaînes satellitaires qui propagent l’islam entre deux publicités de détergent », avait-elle décrété. Ton grand-père avait bien essayé de résister. Istiqlalien et salafiste à la mode de Allal Al Fassi, il a fini par adhérer au diktat de ta grand-mère, regardant en cachette ces chaines « islamiques » comme on regarde un film interdit aux moins de 18 ans. Il frissonnait de plaisir parce qu’il avait justement bravé l’interdiction de Hajja Meftaha.

Ta tante bent l’ONEP s’est déjà envolée pour sa Omra five stars payée rubis sur ongle. Les 10 derniers jours du Ramadan, elle les passe dans les lieux saints. Tu l’entends déjà parler à son retour de son hôtel à la Mecque carrément construit dans « le haram » et de sa chambre avec vue panoramique sur la Kaaba. Ta pratique de l’islam est du genre « peut vraiment mieux faire » mais tu te demandes si une telle Omra payée à prix d’or est de l’ordre du halal. Tu te reprends très vite donnant raison à ta grand-mère qui combattait tous ces nouveaux convertis prompts à distribuer des « halal » et des « haram ».

Dans ta tribu, fort heureusement, on a des rapports normalisés avec la religion. Y compris pendant le ramadan. Pas de fréquentation effrénée de la mosquée, ni de retraite spirituelle pendant les dix derniers jours. L’Itikaf, disait ta grand-mère Hajja Meftaha, se vit dans le cœur, pas en occupant les mosquées. Et ça, ta grand-mère le disait bien avant que les ouailles d’ Adl Wa Ihassane aient été empêchés de faire leur khaloua. Sacrée Hajja Meftaha !

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