Ce retrait fait suite à une injonction du dignitaire chiite ayant appelé ses partisans à quitter les lieux des manifestations.
« Si tous les membres du courant sadriste ne se retirent pas dans les 60 minutes de partout (à Bagdad), même du sit-in (devant le Parlement), je les désavouerai », avait déclaré auparavant Moqtada Sadr lors d’une conférence de presse.
À l’expiration du délai, ses partisans ont commencé à quitter la Zone Verte fortifiée du centre de Bagdad, où se trouvent les bureaux du gouvernement et où ils occupaient le Parlement depuis des semaines, atténuant ainsi une confrontation qui a conduit à la violence la plus meurtrière dans la capitale irakienne depuis des années.
L’Irak est plongé dans l’impasse politique depuis les élections législatives d’octobre 2021 remportées par Moqtada Sadr et ses partisans avec 73 sièges, mais qui n’ont pas réussi à constituer une majorité gouvernementale, les leaders des différents groupes politiques ne parvenant pas à s’accorder sur le nom d’un nouveau Premier ministre. Le récent regain des violences a débuté lorsque M. Sadr a annoncé lundi qu’il se retirait de la vie politique. Ses partisans ont alors pris d’assaut la Zone verte, autrefois centre de l’armée américaine et qui abrite aujourd’hui les bureaux du gouvernement irakien et les ambassades étrangères. Quatre roquettes ont été tirées sur la Zone verte, dans la nuit de lundi, déclenchant des émeutes des partisans du dirigeant chiite au cours desquelles pas moins de 30 personnes ont été tuées et 570 autres blessées, a indiqué l’armée irakienne mardi.
Sadr, qui a incité ses partisans à prendre d’assaut le Parlement en juillet en appelant à la révolution et à la réforme, a présenté ses excuses au peuple irakien et a déclaré qu’il ne pouvait pas soutenir la violence, précisant dans un discours télévisé que « ce n’est pas une révolution parce qu’elle a perdu son caractère pacifique », et que « l’effusion du sang irakien est interdit ».
L’armée irakienne avait décrété lundi un couvre-feu national illimité et demandé aux manifestants de quitter la Zone verte, mais les autorités n’ont pas pu imposer un contrôle aux groupes armés rivaux car « l’armée est divisée entre les loyalistes (de la coalition) et les sadristes », selon un responsable du gouvernement.
Sadr a été le grand vainqueur des élections d’octobre, mais il a retiré tous ses députés du parlement en juin après avoir échoué à former un gouvernement excluant ses rivaux, pour la plupart des partis chiites soutenus par l’Iran.
Le religieux chiite s’est retiré de la politique ou du gouvernement par le passé et a également dissous les milices qui lui sont fidèles. Il a souvent repris l’activité politique après des annonces similaires, bien que l’impasse politique actuelle en Irak semble plus difficile à résoudre que les précédentes périodes de dysfonctionnement.
L’Irak a eu du mal à se remettre depuis la défaite de l’État islamique en 2017, car les partis politiques se sont disputés le pouvoir et les vastes richesses pétrolières que possède le pays, deuxième producteur de l’OPEP.