Ingrid Betancourt explique sa demande d’indemnisation
Dans une interview accordée au Parisien-Aujourd’hui en France, l’ex-otage revient sur les polémiques qui l’ont touchées et entend rétablir sa vérité sur sa demande d’indemnisation.
Huit millions de dollars pour ses six ans et demi de détention dans la jungle. "Il y a eu une déformation complète de la vérité", selon l’ex-otage des Farc (Forces armées révolutionnaires de Colombie) qui précise que ses anciens compagnons de détention l’ont "sollicitée pour engager avec eux une procédure de conciliation auprès des organismes chargés de la sécurité des citoyens : le ministère de la défense colombien et le ministère de l’Intérieur". Une "action collective", donc. Avec un objectif qu’Ingrid Betancourt répète tout au long de l’interview : "aider les autres otages".
"Vivre aussi normalement que possible"
La franco-colombienne veut également "éclaircir ce qui s’est réellement passé au moment de son enlèvement. Car elle refuse la version du gouvernement de l’époque l’accusant d’avoir pris trop de risques alors qu’elle avait été mise en garde.
Depuis sa libération, deux années se sont écoulées. Une période qui n’a pas épargné Ingrid Betancourt, entre les attaques de son ex-mari, de certains de ses anciens compagnons ou même de la presse. "Les gens se sont fait une image (…) ils se la balancent comme un ballon dans un stade" confie-t-elle au Parisien-Aujourd’hui en France.
Même si elle reste "convaincue que la médiatisation protège la vie des otages", elle ne se reconnaît pas dans le miroir médiatique. Alors elle a fini par sortir de sa retraite et écrire un livre, "Même le silence a une fin", à paraître le 21 septembre chez Gallimard. Un moment qu’elle avoue avoir "reporté encore et encore", car c’était "très douloureux de me remémorer certains moments de ma captivité". Mais aussi parce qu’elle a pris le temps de "reprendre [sa] place de mère" auprès de Mélanie et Lorenzo. quittés à 13 et 16 ans, elle les a retrouvé adultes. "Quand je suis revenue, j’ai eu un moment le sentiment qu’il n’y avait plus de place pour moi. Maintenant, ça va beaucoup mieux."
Evidemment, les blessures sont toujours là. Les cauchemars aussi. Vivant "au gré des déplacement continuels de camp en camp" durant ses années aux mains des farc, Ingrid Betancourt a "encore du mal à s’ancrer quelque part". Quant à retoucher à la politique, "c’est exclu" pour la candidate à l’élection présidentielle colombienne en 200. D’autant qu’elle a été déclarée "objectif militaire" par ses anciens geôliers. Une cible à abattre désormais "toujours un peu sur [ses] gardes."