Agé de 60 ans, Gilles Le Guen, déclaré coupable d’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, n’a pas réagi à l’énoncé du jugement contre lequel il envisage toutefois de faire appel, selon son avocat.
Sa condamnation est la première prononcée en France sur la base d’une loi votée fin 2012, qui permet de poursuivre des Français soupçonnés d’avoir participé à des actes terroristes à l’étranger ou d’être partis s’y entraîner. La peine infligée est conforme aux réquisitions de l’accusation.
Gilles Le Guen était poursuivi notamment pour avoir pris part à l’offensive des islamistes sur la ville de Diabali en janvier 2013. Il se trouvait dans un pick-up chargé d’explosifs, à l’écart, mais s’était défendu d’avoir directement participé à l’attaque.
Cet ancien capitaine dans la marine marchande avait été arrêté dans la nuit du 28 au 29 avril 2013 par les forces spéciales françaises au Mali. A l’époque, le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian l’avait décrit comme "un paumé qui devient terroriste".
Au cours de son procès, l’homme au visage émacié, ancien toxicomane converti à l’Islam en 1982, avait livré des explications parfois erratiques.
Il s’était décrit comme un homme désireux de "vivre de la transhumance", hostile à toute "application de la charia de façon tyrannique" et avait affirmé avoir été "instrumentalisé" par Aqmi, dont il a décrit les membres comme des "terroristes" n’ayant "rien à proposer au peuple".
Tout en confessant une "admiration religieuse" pour Oussama ben Laden, qu’il avait comparé à Che Guevara, il s’était dit opposé aux prises d’otages, aux attentats suicides et "incapable de tuer".
"On est dans une situation ou la justice ne sait pas faire la différence entre les différentes personnes qui sont passées devant elle", a regretté son avocat, Alexandre Vermynck, après sa condamnation.
Originaire de Bretagne (ouest) issu d’une famille catholique et passé par l’hindouisme avant d’embrasser la religion musulmane, Gilles Le Guen est, aux yeux de Me Vermynck, "un homme pour qui la quête mystique et religieuse est importante". "Un homme très original mais qui ne représentait et ne représentera lorsqu’il sortira (de prison) aucun danger pour la société française et la société occidentale", a ajouté l’avocat.
Gilles Le Guen a beaucoup voyagé avant de s’installer au Maroc, en Mauritanie puis au Mali avec sa deuxième épouse, une Marocaine. Il avait été repéré en septembre 2012 dans les rangs d’Aqmi sur un cliché récupéré par les services secrets français.
Dans une vidéo mise en ligne début octobre 2012 sur le site d’information mauritanien Sahara Media, il avait mis en garde "les présidents français, américain" et les Nations unies contre une intervention militaire au Mali en préparation contre les groupes islamistes armés qui contrôlaient alors le nord du pays.
Vêtu d’une tunique beige, d’un turban noir, portant une moustache et un bouc, Gilles Le Guen était apparu devant un fond noir portant le sigle d’Aqmi, un fusil-mitrailleur posé à ses côtés.