Google+, actuellement en phase de test sur invitation, se veut plus nuancé et moins "rigide" que Facebook. D’après l’aperçu montré sur internet, il s’agit moins d’un site unique que d’une série d’"outils".
"Cercles" permet de choisir à qui sont adressées les informations qu’on met en ligne, "Déclics" permet de repérer et faire partager des informations par thème, "Vidéo-bulles" est un système de messagerie instantanée vidéo, "Mobile" permet d’exploiter les fonctions appareil photo et géolocalisation d’un téléphone portable, et "Clique" est une messagerie instantanée collective.
L’idée, résumée sur le blog de groupe par une haute responsable de Google, Vic Gundotra, c’est de "faire évoluer le partage en ligne pour qu’il soit aussi naturel, riche et nuancé que nos interactions dans la ‘vie réelle’".
En fait, comme l’ont rapidement relevé plusieurs commentateurs, Facebook permet déjà la plupart de ces fonctionnalités, et si Google est susceptible d’apporter des améliorations, par exemple pour segmenter un réseau d’"amis" ou raffiner les réglages de confidentialité, il n’est pas certain que cela suffise à convaincre suffisamment d’utilisateurs de Facebook de migrer vers Google+.
Avec 700 millions d’utilisateurs, Facebook est déjà le champion mondial du temps passé sur internet, ses recettes sont en hausse, sa valorisation augmente de semaine en semaine avant même qu’il soit coté, et il fait désormais figure de groupe internet le plus en pointe pour sa capacité d’innovation.
Google reste certes leader en nombre de visiteurs uniques, après avoir dépassé le seuil du milliard en mai, mais sa progression sur un an (+8,4%) est bien plus lente que celle de Facebook (+30,2%, troisième du monde avec 713 millions de visiteurs uniques), selon des chiffres du cabinet ComScore.
Google, conscient que les internautes d’aujourd’hui ne se contentent plus d’une navigation régie par les seuls algorithmes, affiche depuis plusieurs mois son virage vers l’internet personnalisé, ce qui dans le milieu high-tech s’appelle l’"internet social".
"Si on pense à ce que les cinq prochaines années seront pour la vie en ligne, d’un point de vue social, et au genre d’outils qu’on pourra créer, nous n’en sommes vraiment qu’au tout début", avait déclaré le co-fondateur du groupe de Mountain View, Larry Page, à l’annonce en janvier de son retour au poste de directeur général.
Fin mai, l’ex-PDG et actuel président exécutif Eric Schmidt avait assumé la responsabilité du retard accusé par Google pour basculer vers une consultation d’internet plus personnalisée, c’est à dire reposant sur les circonstances de chacun et les recommandations d’amis.
"Je me suis planté", avait dit M. Schmidt, assurant pourtant avoir perçu cette évolution dès 2007-08.
Google a déjà plusieurs applications "sociales", comme le site de partage de vidéos YouTube, ou le réseau social Orkut, surtout présent au Brésil, mais il a connu plusieurs échecs dans ce domaine, en particulier avec "Buzz", un système lancé en février 2010 pour concurrencer Facebook et Twitter, immédiatement critiqué parce qu’il pouvait avoir pour effet d’immédiatement divulguer un carnet d’adresses tout entier.
La présentation de Google+ a été réservée à une poignée de journalistes, le grand public devant se contenter des annonces sur le blog habituel du groupe.
Selon le site internet TechCrunch, "ce n’est pas parce que (le groupe) ne fonde pas de grands espoirs dessus, ou qu’il pense que ce n’est pas assez bien. C’est plutôt parce que ce qu’il est prêt à montrer maintenant n’est qu’un fragment d’un ensemble bien plus important".