Génocide arménien: la proposition de loi UMP examinée jeudi malgré la colère de la Turquie

Génocide arménien: la proposition de loi UMP examinée jeudi malgré la colère de la Turquie
Malgré les menaces de la Turquie, le gouvernement français ne s’opposera pas à l’adoption de la proposition de loi visant à réprimer la négation des génocides, dont le génocide arménien. Ce texte, présenté par l’UMP, doit être examiné jeudi par l’Assemblée nationale.

"C’est une initiative parlementaire et le gouvernement s’en remet effectivement au vote", a déclaré la porte-parole du gouvernement Valérie Pécresse mercredi, lors du compte-rendu du conseil des ministres.

Le texte devrait être voté sans difficulté par l’Assemblée nationale, le groupe UMP ayant déjà annoncé qu’il voterait "pour" -malgré quelques voix discordantes au sein de la majorité- tout comme le Nouveau Centre, le groupe socialiste et les députés du Front de gauche.

"Le gouvernement soutient la philosophie de ce texte et n’y voit pas une attaque contre la Turquie. Il y voit simplement la réaffirmation d’un principe universel, qui est que chaque pays doit regarder son histoire, doit avoir le courage faire son travail de mémoire et de regarder son histoire avec lucidité", a expliqué Mme Pécresse.

Cette proposition de loi suscite depuis une semaine la colère des autorités turques, le pays ayant toujours refusé de reconnaître le génocide arménien (1915-1917).

Mardi, le président turc Abdullah Gül a demandé à la France d’"abandonner" cette initiative. "Il n’est pas question pour nous d’accepter une proposition de loi destinée à supprimer la liberté de rejeter des accusations injustes et infondées contre notre pays et notre peuple", a-t-il estimé dans un communiqué. "Je veux espérer que la France ne sacrifiera pas les intérêts communs, l’alliance et l’amitié franco-turque qui remontent à des centaines d’années, pour de petits calculs politiques", a-t-il ajouté.

Le même jour, le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé a reçu une mission parlementaire turque, sur ce sujet. Il "a rappelé à ses interlocuteurs que la Turquie est pour la France un pays ami et allié, avec lequel il s’emploie depuis toujours à entretenir le dialogue", selon le Quai d’Orsay. Le ministre a expliqué que les "intérêts stratégiques communs" des deux pays, leur "coopération pour la paix et la liberté en Syrie, en Afghanistan" et leur "appartenance commune à l’OTAN ou au G-20" sont "suffisamment forts pour surmonter les épreuves que peuvent traverser nos relations".

Le 16 décembre, le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a écrit une lettre au président français Nicolas Sarkozy pour le mettre en garde contre les "graves conséquences" qui pourraient découler de l’adoption de ce texte. Le lendemain, il a violemment critiqué la France, affirmant publiquement que le pays ferait mieux d’enquêter sur ce qu’il a qualifié de sa propre "histoire sale et sanglante" en Algérie et au Rwanda.

La Turquie a aussi fait savoir qu’elle pourrait rappeler son ambassadeur en France si Paris adoptait la proposition de loi.

Le 7 octobre dernier à l’occasion d’une visite en Arménie, Nicolas Sarkozy avait appelé une nouvelle fois la Turquie à reconnaître sa responsabilité dans ces événements, laissant entendre que la France pourrait faire voter une loi pénalisant le négationnisme en la matière.

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