Gbagbo dénonce « l’ingérence » de l’Occident

Gbagbo dénonce
Deux semaines après la tenue du second tour de l’élection présidentielle, la Côte d’Ivoire est toujours dans l’impasse, avec deux présidents – Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara – et deux gouvernements. Dimanche, le camp du président sortant a attribué la responsabilité de ce statu quo aux pays occidentaux qui ont exprimé leur soutien à Alassane Ouattara. Ceux-ci sont accusés de chercher à semer la division au sein de l’armée afin de déstabiliser le pays. Car pour l’heure – et en dépit des nombreux appels du pied lancés par le camp Ouattara – l’armée a prêté allégeance à Laurent Gbagbo.

Or, "depuis plusieurs jours, des membres des services diplomatiques civils et militaires occidentaux à Abidjan essaient de prendre contact discrètement avec des officiers de l’armée nationale", a rapporté à la télévision publique le ministre de l’Intérieur du gouvernement Gbagbo, Emile Guirieoulou. Selon lui, "l’objectif est de trouver des soldats et des policiers, de les inciter à déclarer leur soutien à Alassane Ouattara (…) et de les embarquer dans un projet de déstabilisation et de fragmentation de la paix et de la cohésion sociale". "Le gouvernement de Côte d’Ivoire voudrait rappeler aux membres du corps diplomatique qu’il (…) ne tolèrera pas l’ingérence de tout diplomate, quel que soit son rang, dans nos affaires intérieures", a-t-il encore ajouté. Aucun dirigeant étranger n’avait encore réagi à ces propos dimanche en fin d’après-midi.

Les pro-Ouattara conditionnent tout dialogue
Sur place, le statu quo demeure, malgré les prémices de compromis initiés par Laurent Gbagbo vendredi. Dans un entretien accordé au quotidien gouvernemental Fraternité Matin , le président sortant a en effet écarté le danger d’une nouvelle guerre civile dans le pays. "On entend souvent les gens dire qu’il y aura la guerre, il y aura une déflagration. Il n’y aura pas de guerre ici. Les affaires tournent et l’on va finir par s’asseoir (…) Asseyons-nous et discutons. S’il y a un problème, on va s’asseoir et discuter", a-t-il ainsi déclaré, laissant entrevoir la possibilité d’un dialogue avec son adversaire.

Mais le camp Ouattara a conditionné samedi tout pourparlers à la reconnaissance, par Laurent Gbabgo, de sa défaite lors de l’élection présidentielle. "Nous n’avons jamais été contre le dialogue mais il faut commencer par la reconnaissance d’Alassane Ouattara comme président. Si cette condition n’est pas remplie, il ne pourra rien se passer", a ainsi déclaré Patrick Achi, porte-parole du gouvernement emmené par Guillaume Soro et provisoirement installé dans l’Hôtel du Golf, un quartier d’Abidjan protégé par les casques bleus des Nations unies. Des propos qui ont terni tout espoir de dialogue rapide. L’Union africaine (UA) – qui a annoncé cette semaine la suspension de la Côte d’Ivoire de ses instances – continue toutefois de chercher une issue à la crise. A Alger, en marge d’une réunion de l’UA, son commissaire à la Paix et à la Sécurité, Ramtane Lamamra, a précisé qu’en la matière, l’organisation privilégiait une approche "diplomatique discrète". "Nous travaillons toujours à la recherche d’une solution démocratique et pacifique", a-t-il encore déclaré, sans donner le moindre détail.

Si la situation perdure, la santé de l’économie ivoirienne est à terme menacée. Les livraisons des précieuses fèves de cacao aux ports d’Abidjan et de San Pédro, vers la frontière libérienne, sont d’ores et déjà en baisse. De son côté, le patronat ivoirien a menacé de ne plus payer d’impôts tant que la crise n’était pas réglée. Le Fonds monétaire international (FMI) a par ailleurs prévenu qu’il ne travaillerait qu’avec un gouvernement reconnu par les Nations unies. La Banque mondiale et la Banque africaine de développement ont quant à elles fait savoir qu’elles procèderaient au réexamen de leurs programmes de crédit à destination de la Côte d’Ivoire. Dans ces conditions, le pays pourrait rapidement vaciller dans la violence.

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