Futur gouvernement marocain : Benkirane dans les sables mouvants

Par Omar Chiban

Depuis le 10 octobre, Abdelilah Benkirane désigné par SM le Roi pour constituer le Gouvernement, suite aux élections législatives du 7 octobre 2016 et comme l’Article 47 de la Constitution le préconise, ne sait où donner de la tête

Que de temps perdu

Heureux des résultats que son parti a engrangés, il pensait qu’en un tour de piste sa coalition sera composée et l’équipe du gouvernement sera annoncée.

Regardant les autres de haut, il joue le rôle de sauveur et n’hésite pas à distribuer les bons points à droite et à gauche en fonction de l’allégeance qu’il croit être en droit de recevoir des partenaires politiques.

Finies les joutes oratoires acides, pour ne pas dire insultantes, échangées avec le chef du Parti de l’Istiqlal, auquel il a donné la parole, en quelques minutes d’un tout premier entretien, de faire partie de son équipe, finis le devoir de réserve et le minimum de discrétion que tout politique professionnel devrait observer tant que les accords ne sont pas bouclés.

Après plus de trois mois écoulés, il se retrouve entrain de corriger ou rattraper ses erreurs de méthodologie et de faire oublier ses déboires et ses déclarations intempestives. Après trois mois de tergiversations, il se rend compte qu’il est minoritaire. Qu’aurait-il fait si son parti avait obtenu 50+1?

Les nombreux obstacles qu’il s’est lui-même créés, les lignes rouges qu’il disait à ne pas franchir témoignent de sa médiocrité dans le domaine des négociations.

M. Ibn Kirane a privilégié l’arithmétique en négligeant les partis ayant obtenu un score modeste tout en laissant planer le doute sur le résultat de son principal concurrent arrivé en deuxième position à l’issue du scrutin. Ses connaissances en mathématiques s’arrêtent à l’arithmétique (les quatre opérations élémentaires. Que dirait-il des espaces vectoriels, de celui de Banach réflexif et d’Hilbert ?, … ) .

Le Discours de SM le Roi de DAKAR n’a pas eu raison de M. le Chef du Gouvernement pressenti, ni d’ailleurs l’admonestation du Palais qui a dépêché deux conseillers pour le presser de mener à terme ses contacts.

La réintégration du Maroc à l’UA

Faute d’une issue rapide et positive à la constitution du gouvernement, le Parlement, en « chômage technique » depuis les élections, devait être remis d’urgence en activité notamment pour délibérer et voter l’acceptation du Royaume du Maroc de la Charte de l’Union Africaine et de ses annexes, préalable à son adhésion à l’Union Africaine, enjeu stratégique initié par SM le Roi en conformité et en droite ligne avec l’engagement du Royaume du Maroc dans un partenariat économique, politique et diplomatique de grande envergure.

Alors que d’habitude, les instances qui dirigent la chambre des représentants, (à commencer par le Président et les autres membres du bureau, puis les commissions et les la constitution des groupes parlementaires), se mettent en place en concomitance et en harmonie avec la coalition assurée d’avoir en son sein la majorité, nous assistons à une situation inédite qui dégage d’abord une majorité pour la constitution du bureau et plus tard, une autre, peut être, pour soutenir le gouvernement.

Faute de conclure en temps raisonnable, le Chef du Gouvernement désigné se voit encore enlisé dans les sables mouvants des conciliabules avec ses partenaires potentiels si ce n’est engagé dans une sorte de bras de fer avec un adversaire qu’il est le seul à connaitre.
Peut-il annoncer forfait et dire clairement et officiellement son échec à SM le ROI ? A t-il le courage de se dérober devant ses responsabilités tout en disant à l’opinion publique que ce n’est pas de sa faute et que ce sont les crocodiles, les ogres, les poches de résistance … qui l’ont empêché de réussir? Est-il si naïf pour croire que son chemin est parsemé de roses?

Habib El Malki, seul Candidat au poste

La Chambre des Représentants, sous la Présidence de M. Abdelouahed Radi, doyen d’âge et l’un des parlementaires marocains qui a cumulé le plus d’années en tant que tel (depuis 1963), s’est réuni en session plénière le lundi 16 janvier 2017 pour mettre en place ses structures de fonctionnement et délibérer sur la charte de l’Union Africaine, courant de la semaine.

A l’appel aux candidatures, seul M. HABIB EL MALKI (USFP) s’est annoncé. Les groupes Parti de la Justice et du Développement, Parti Authenticité et Modernité et Istiqlal n’ont pas présenté de candidats. Il en est de même pour le Rassemblement National des Indépendants, le Mouvement Populaire et l’Union Constitutionnelle.

Le groupe Parlementaire de l’Istiqlal a préféré quitter l’hémicycle avant le vote, sans doute pour marquer son opposition au déroulement du processus de constitution du Gouvernement et de celui des instances de la Chambre. Cet acte peut ne pas rester sans suite considérant qu’il peut être interprété comme un affront à l’institution.
Le candidat unique a obtenu à l’issue du vote 198 voix sur 342 votants, au moment où les parlementaires du PJD et du PPS (137 voix) ont voté blanc.

Notons que M. EL MALKI, outre ses autres nombreuses activités et fonctions qu’il avait occupées, est Professeur d’Economie depuis le début de la décennie soixante dix à la faculté de droit et à l’INSEA à Rabat, a obtenu de nombreuses distinctions décernées par des organismes d’études et de recherches en économie et statistiques (notamment de l’INSEE de Paris), …..

Au vu de la tournure des événements, il est possible de penser que la coalition que va réunir M. Benkirane pour gouverner comprendrait le PPS, le RNI, le MP et l’UC (220 députés, 198 étant la majorité absolue), l’USFP apportant son soutien critique en contre partie de l’accès qu’il vient d’obtenir à la présidence de la Chambre.

Omar Chiban
Economiste, Rabat

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