France: ce que l’on sait de l’affaire Benalla

La présidence française a annoncé vendredi le licenciement d’Alexandre Benalla, en garde à vue après une vidéo le montrant frapper un manifestant. Ni policier, ni gendarme, le comportement de ce proche collaborateur du président Emmanuel Macron a suscité l’indignation, paralysé les travaux du Parlement et embarrassé le sommet de l’État.

DU PARTI SOCIALISTE A L’ÉLYSÉE

Né le 8 septembre 1991 à Evreux, réserviste de la gendarmerie, Alexandre Benalla a été formé au service d’ordre du Parti socialiste, avant d’être renvoyé de son poste de chauffeur de l’ex-ministre Arnaud Montebourg, pour "faute professionnelle", ayant voulu fuir après un accident de voiture.

Il protège Emmanuel Macron pendant sa campagne de décembre 2016 à mai 2017, avant d’être nommé "chargé de mission" à l’Elysée, la présidence française, en tant qu’adjoint au chef de cabinet du président, François-Xavier Lauch.

Il est souvent vu avec le président lors de déplacements, officiels ou privés. Ou dans le car des Bleus lundi, sur les Champs-Élysées.

Plusieurs journalistes, notamment de l’AFP ou de la chaîne Public Sénat, se sont plaints de son comportement "musclé" pendant la campagne.

Selon l’hebdomadaire L’Express, il a déjà fait l’objet d’une plainte pour violences volontaires sur une femme en août 2015. D’après une source proche du dossier, il a comparu à Nanterre (près de Paris) le 18 mars 2016 pour "violences volontaires ayant entraîné une ITT (incapacité totale de travail) supérieure à 8 jours", mais il a été relaxé.

D’après le quotidien Le Monde, il était logé depuis le 9 juillet dans une dépendance de l’Élysée, quai Branly. Une adresse où logent plusieurs collaborateurs de la présidence, y compris des gendarmes.

LES ENQUÊTES

Le Parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour "violences par personne chargée d’une mission de service public", "usurpation de fonctions" et "usurpation de signes réservés à l’autorité publique".

Les investigations ont été confiées à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN, la police des polices) ainsi qu’à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP).

Au Parlement, l’Assemblée nationale a lancé une commission d’enquête, dont les prérogatives ont été confiées à la commission des Lois. Un dispositif similaire est prévu à la commission des Lois du Sénat, qui a déjà programmé une audition du ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, mardi.

GARDES À VUE, AUDITION

M. Benalla a été placé en garde à vue vendredi matin à Paris pour des faits de violences en réunion par personne chargée d’une mission de service public, d’usurpation de fonctions, de port illégal d’insignes réservés à l’autorité publique, ainsi que de complicité de détournement d’images issues d’un système de vidéo-protection.

Jeudi, le Parquet de Paris avait déjà ouvert une enquête préliminaire.

Vincent Crase, réserviste de la gendarmerie et agent d’accueil pour LREM, le parti présidentiel, qui accompagnait Alexandre Benalla le 1er mai, a aussi été placé en garde à vue pour violences en réunion par personne chargée d’une mission de service public et usurpation de fonction.

Le directeur de cabinet d’Emmanuel Macron, Patrick Strzoda, a été entendu jeudi comme témoin dans cette enquête.

LICENCIEMENT ET MOTIF

M. Benalla n’est pas licencié pour les violences du 1er mai, mais pour avoir reçu des enregistrements vidéo le concernant: il "aurait été destinataire d’un document de la préfecture de police qu’il n’était pas autorisé à détenir", explique l’Élysée.

Trois policiers – un contrôleur général, un commissaire et un commandant – ont été suspendus à titre conservatoire pour avoir extrait des images de vidéo-surveillance de la Ville de Paris et les avoir transmises mercredi à M. Benalla, d’après une source proche du dossier.

Le ministre de l’Intérieur M. Collomb a "condamné lourdement" les "agissements" des policiers, dans un communiqué.

QUI SAVAIT QUOI ?

Des députés d’opposition ont accusé Gérard Collomb de "mensonges", après de nouvelles informations de presse selon lesquelles le ministre était au courant de l’agression dès le 2 mai – informations non confirmées à l’AFP.

Ils ont demandé que le ministre, voire le Premier ministre, vienne s’expliquer devant l’Assemblée.

Au coeur de la tourmente, Emmanuel Macron est resté stoïque et silencieux. Il a reçu vendredi matin les syndicats agricoles avant de déjeuner avec le président de l’Azerbaïdjan Ilham Aliyev, puis de s’entretenir avec le ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot.

AGITATION AU PARLEMENT

Le projet de révision constitutionnelle s’est retrouvé victime collatérale de l’affaire, les oppositions réclamant d’entendre M. Collomb avant de reprendre l’examen de cette réforme, qui s’enlise.

Les députés de la France Insoumise (gauche radicale) ont proposé de voter sur une motion de censure du gouvernement.

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