L’ancien président de la Fifa Sepp Blatter sera entendu mercredi en Suisse dans le cadre de l’enquête pour « entrave à l’action pénale » visant depuis juillet son successeur Gianni Infantino, a-t-on appris mardi auprès de son porte-parole.
Le patron déchu du football mondial, emporté en 2015 par les scandales, répondra à partir de 10H00 locales (09H00 GMT) au procureur extraordinaire Stefan Keller à Sarnen, dans le centre du pays, a ajouté cette source, confirmant une information du quotidien français Le Monde.
C’est la première avancée connue dans ce dossier depuis l’ouverture le 30 juillet d’une procédure contre M. Infantino pour « incitation à l’abus d’autorité », à la « violation du secret de fonction » et à « l’entrave à l’action pénale ». Le dirigeant italo-suisse n’a pas encore été entendu par le parquet.
La justice helvétique lui reproche trois rencontres secrètes en 2016 et 2017 avec Michael Lauber, alors chef du Ministère public de la confédération (MPC), qui nourrissent les soupçons de collusion entre le parquet et la Fifa, partie civile dans la plupart des procédures touchant le football mondial.
L’affaire a contraint cet été M. Lauber à la démission, mais la justice interne de la Fifa a blanchi mi-août M. Infantino. Le dirigeant a depuis jugé « absurde » d’être mis en cause pour avoir rencontré un magistrat et assure qu’il voulait juste montrer à M. Lauber combien la Fifa avait changé depuis les « fonctionnaires corrompus » de l’ère Blatter.
Platini hors jeu
Selon son porte-parole, Sepp Blatter sera entendu en tant que « personne appelée à donner des renseignements », un statut qui recoupe plusieurs situations dont celle de « prévenu dans une autre procédure, en raison d’une infraction qui a un rapport avec les infractions à élucider ».
Or le Suisse, âgé de 84 ans, est poursuivi depuis 2015 pour « gestion déloyale » en raison du paiement controversé de 2 millions de francs suisses (1,8 million d’euros) à Michel Platini début 2011 par la Fifa, alors sous sa direction.
Les deux hommes, contre lesquels ont récemment été ajoutées les charges d' »escroquerie » et « abus de confiance », martèlent qu’il s’agit d’un reliquat de salaire pour un travail de conseiller convenu entre eux au printemps 1998: Sepp Blatter cherchait alors l’appui du triple Ballon d’Or pour prendre la tête de la Fifa.
Cette affaire a entraîné leur mise au ban du football mondial, alors même que l’ancienne star des Bleus, qui dirigeait alors l’UEFA, faisait figure de favori pour succéder à Sepp Blatter après l’éclatement du « Fifagate », une gigantesque affaire de corruption.
La voie s’était alors ouverte pour Gianni Infantino, bras droit de Michel Platini à l’UEFA, élu en février 2016 à la présidence de la Fifa sur la promesse d’en finir avec les scandales.