Entrée en Bourse d’Aramco: le prince héritier saoudien devrait donner le go dimanche

Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane devrait donner son feu vert dimanche à l’introduction en Bourse du géant pétrolier public Aramco, une opération censée financer la nécessaire diversification du royaume, mais qui comporte bien des inconnues.

L’homme fort d’Arabie saoudite va mettre fin au suspense et aux incertitudes sur le baptême boursier d’Aramco, reporté déjà à deux reprises depuis 2018, a indiqué vendredi à l’AFP une source proche du dossier sous couvert d’anonymat.

Sauf surprise de dernière minute, il devrait donner sa bénédiction, a-t-on dit de même source. Le calendrier de cette opération et les modalités devraient être dévoilés à cette occasion.

Interrogé par l’AFP, Saudi Aramco a refusé de commenter.

Cette transaction, qui constitue la pierre angulaire d’un programme de réformes du prince héritier surnommé "MBS", devrait valoriser l’entreprise à entre 1.500 et 1.700 milliards de dollars, soit la plus grosse capitalisation mondiale, a encore ajouté la source.

Si ce chiffre était confirmé, cela voudrait dire que MBS a finalement lâché du lest après avoir réclamé depuis 2016 une capitalisation à 2.000 milliards.

En 2018, l’homme fort du Royaume avait décidé de reporter l’introduction en Bourse parce que la capitalisation calculée par les banquiers, après des rencontres avec de potentiels investisseurs, était en dessous de ce seuil.

Ce fut aussi le cas récemment quand Aramco, qui devait lancer, en octobre, la première partie de son introduction, avait décidé de repousser la date à décembre ou à janvier.

L’Arabie saoudite a toujours espéré qu’Aramco sera évaluée à 2.000 milliards de dollars, afin de pouvoir récupérer 100 milliards de dollars lors de l’introduction en Bourse.

– Transparence –

Le calendrier prévoit une entrée en deux temps: d’abord à la Bourse locale saoudienne, le Tadawul, en décembre, puis, en 2020, sur une place financière internationale encore à définir.

Aramco devrait céder en tout 5% de son capital, dont 2% lors de son baptême boursier sur le Tadawul, avaient déclaré en début de mois des sources proches du dossier à l’AFP.

Des dirigeants d’Aramco ont rencontré des investisseurs à Londres et New York la semaine dernière, a ajouté la source, évoquant une réticence de la part des investisseurs étrangers qui s’interrogent sur la transparence, la gouvernance et la valorisation du groupe.

"Le manque de transparence" peut poser problème, estime Andrew Lebow, spécialiste du marché pétrolier chez Commodity Research Group. "Il est difficile de dire si nous allons avoir accès à toutes les informations sur l’activité et les finances de l’entreprise".

Il y a également un point important de nature à décourager plus d’un investisseur étranger, selon M. Lebow: Aramco n’est pas une entreprise comme les autres.

En y investissant, un investisseur court le risque de prendre une participation dans une entreprise qui est indirectement membre de l’Opep via son principal actionnaire, Ryad.

"Par conséquent, il faut être conscient qu’Aramco ne produira pas forcément toujours au maximum de ses capacités", puisque l’Opep contrôle régulièrement le niveau de son offre d’or noir.

Autres inconnues: comment l’entreprise, habituée à un seul actionnaire jusque-là –le Royaume– va-t-elle en gérer plusieurs avec des objectifs différents ? Peut-elle empêcher de nouvelles attaques contre ses installations pétrolières après celles contre deux sites mi-septembre ?

De grands fonds occidentaux hésitent également, en raison d’engagements pris pour lutter contre le réchauffement climatique, d’après des sources bancaires.

Ce sont de richissimes familles saoudiennes, sous pression, qui vont apporter les fonds lors de l’opération sur le marché local, rapporte l’agence Bloomberg News, citant des sources anonymes.

Les banques locales auraient également été incitées à prêter de l’argent aux petits porteurs, qui perdraient leurs économies si Aramco connaissait un baptême de feu boursier chaotique.

L’opération est pilotée par les grandes banques américaines, comme JPMorgan Chase, Morgan Stanley, Goldman Sachs et Bank of America Merrill Lynch.

L’introduction en Bourse d’Aramco, fondé en 1933, est au coeur du plan de réformes nommé "Vision 2030", initié par le prince héritier Mohammed ben Salmane pour diversifier l’économie d’un pays ultra-dépendant du pétrole.

Aramco a indiqué récemment avoir réalisé un bénéfice net de 46,9 milliards de dollars au premier semestre, en chute de 12% en raison de la baisse des prix du brut. C’était la première fois que l’entreprise publiait des résultats financiers semestriels, qui en font le groupe gagnant le plus d’argent au monde.

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