En Egypte, début d’une élection présidentielle sans enjeu, Sissi donné vainqueur

Les bureaux de vote ont ouvert, lundi 26 mai en Egypte, pour une présidentielle qui doit durer deux jours et que le maréchal Abdel Fattah Al-Sissi, l’ex-chef de l’armée, est assuré de remporter. Le maréchal Sissi, à la retraite aujourd’hui, dirige de facto le pays depuis qu’il a renversé le 3 juillet le président islamiste Mohamed Morsi.

De longues files d’attente d’hommes et de femmes, séparées, s’étaient formées au petit matin devant les bureaux de vote du Caire qui ont ouvert à 9 heures locales (8 heures à Paris) pour un scrutin qui doit durer deux jours.

Un premier incident a été signalé à El Mahalla El Koubra, dans le delta du Nil, au nord de la capitale : une petite bombe a explosé devant un bureau de vote, selon la télévision publique. Le ministère de l’intérieur a démenti l’information.

L’unique rival d’al Sissi, le leader de gauche Hamdeen Sabbahi, fait bien pâle figure malgré une campagne très active sur le terrain, et n’est guère en mesure d’empocher un nombre significatif de voix, selon experts et diplomates unanimes. Certains le considèrent comme le faire-valoir, au mieux résigné au pire consentant, d’une élection jouée d’avance.

Dans des entretiens télévisés fleuves, M. Sissi n’a d’ailleurs pas caché ses intentions, sachant qu’il ne faisait que conforter les aspirations d’une opinion publique inquiète de la multiplication des manifestations et attentats.

L’Egypte ne sera "pas prête pour la vraie démocratie avant 20 ou 25 ans", a-t-il asséné sans ciller, une assertion qui revient comme une antienne dans la bouche de très nombreux Egyptiens de tous horizons sociaux. Et pour M. Sissi, la stabilité ne reviendra qu’avec l’éradication des "terroristes", comme gouvernement et médias appellent depuis plusieurs mois les Frères musulmans.

La confrérie vieille de 86 ans a annoncé qu’elle ne reconnaîtrait pas les résultats de la présidentielle qu’elle a appelé à boycotter. "La fraude n’apportera pas la légitimité au boucher et ne diminuera pas la détermination des révolutionnaires", affirme un communiqué du mouvement islamiste.

Le gouvernement intérimaire l’a décrété "terroriste" et l’accuse des attentats qui ont tué, selon lui, plus de 500 policiers et soldats depuis l’été.

La plupart de ces attaques sont pourtant revendiquées par des jihadistes qui disent s’inspirer d’Al-Qaïda et agir en représailles à la sanglante répression.

Lundi et mardi, 53 millions d’électeurs sont appelés aux urnes. Cette présidentielle, dont les résultats seront annoncés avant le 5 juin, devrait être suivie de législatives, probablement vers l’automne.

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