Egypte: Intervention contre les pro-Morsi au Caire, 70 tués

Egypte: Intervention contre les pro-Morsi au Caire, 70 tués
Au moins 70 personnes ont été tuées samedi à l’aube lors de l’intervention des forces de sécurité égyptiennes contre les campements installés dans le nord du Caire par des partisans du président déchu Mohamed Morsi, ont rapporté des témoins.

Le chef d’état-major de l’armée, le général Abdel Fattah al Sissi, avait appelé la population à manifester en masse vendredi pour lui donner un "mandat contre la violence et le terrorisme".

Gehad El Haddad, porte-parole des Frères musulmans dont Mohamed Morsi était le candidat à l’élection présidentielle de 2012, a rapporté que les violences s’étaient produites aux abords du sit-in que les pro-Morsi observent de manière continue depuis le 3 juillet près de la mosquée Rabaa al Adaouia.

"Ils ne tirent pas pour blesser, ils tirent pour tuer", a déclaré El Haddad, précisant que les victimes étaient le plus souvent touchées à la tête ou à la poitrine. Le médecin légiste Ibtisam Zein a confirmé que la plupart des victimes avaient été touchées à la tête.

Les corps des victimes gisaient à même le sol, samedi, enveloppés dans des draps blancs sur lesquels leur nom avait été griffonné, tandis qu’un homme nettoyait le sol couvert de sang.

Un site internet des Frères musulmans a fait état de 120 tués et de plus de 4.500 blessés. Un journaliste de Reuters a comptabilisé 36 corps dans une morgue et des responsables médicaux ont signalé 21 autres corps dans deux hôpitaux voisins.

Le ministre de l’Intérieur, Mohamed Ibrahim, a déclaré à la presse que le bilan s’élevait à 21 morts, démentant que la police ait ouvert le feu et accusant les Frères musulmans d’exagérer les faits à des fins politiques.

Mohamed Ibrahim a expliqué que des heurts avaient éclaté près de la mosquée Rabaa al Adaouia entre des habitants et des manifestants qui bloquaient un important pont routier. Il a ajouté que la police avait fait usage de gaz lacrymogènes pour tenter de mettre un terme aux affrontements.

Des journalistes sur place ont rapporté que des coups de feu continuaient à retentir plusieurs heures après le début de l’intervention des forces de l’ordre.

Partisans et adversaires de Mohamed Morsi ont organisé vendredi de grands rassemblements réunissant chacun plusieurs centaines de milliers de personnes, signe de la profonde division de la société égyptienne.

Les violences en Egypte depuis la destitution de Morsi parles militaires le 3 juillet ont fait plus de 200 morts.

La haute représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères, Catherine Ashton, a déclaré samedi qu’elle "condamnait vivement" les violences meurtrières et a appelé les deux camps à mettre fin aux affrontements.

Le ministère français des Affaires étrangères a déploré "le bilan déjà très lourd des heurts" et appelé "toutes les parties, et notamment l’armée, à faire preuve de la plus grande retenue."

Samedi, les deux chaînes de la télévision publique ne mentionnaient guère les violences, tandis que les trois journaux d’Etat titraient sur les manifestations de vendredi, soulignant que les Egyptiens avaient donné au chef d’état-major le mandat qu’il avait sollicité.

Le ministre de l’Intérieur a par ailleurs annoncé samedi lors d’une conférence de presse que le président déchu Mohamed Morsi serait très probablement transféré à la prison de Torah au Caire où se trouve déjà Hosni Moubarak, l’ancien raïs chassé du pouvoir par la rue en février 2011.

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