Egypte: des blessés dans des affrontements à Alexandrie entre partisans et opposants au référendum

Plusieurs dizaines d’Egyptiens ont été blessés vendredi à Alexandrie lors d’affrontements qui ont éclatés à la veille de la deuxième phase du référendum sur le projet controversé de la Constitution.

Après la prière de vendredi, des opposants et des partisans de la Constitution se sont mutuellement jetés des pierres, alors que plusieurs voitures de la police ont été incendiées.

Suite à ces affrontements, la police anti-émeute est intervenue et a tiré des gaz lacrymogènes et s’est interposée pour mettre fin aux batailles de rues.

A la veille de ce rendez-vous, les partisans de la constitution et l’opposition se sont rassemblés dans différentes villes de l’Egypte, qui avaient déjà connu au cours des derniers jours des violences ayant fait neuf morts et des centaines de blessés.

Le scrutin concernera samedi 17 gouvernorats, notamment les villes du canal de Suez (Port-Saïd, Ismaïlia, Suez), la cité touristique de Louxor (sud) ou encore Guizeh, qui englobe la périphérie ouest du Caire.

Pour les opposants à ce référendum, il reste toujours des lacunes concernant notamment la liberté d’expression et les droits des enfants et de la femme. Dans ce sens, ils soulignent que ce projet controversé ne limite pas les pouvoirs du président de la République, ce qui va mener à "une nouvelle dictature".

Le Front du salut national (FSN), principale coalition de l’opposition, a fait savoir qu’il ne reconnaissait pas les résultats officieux avancés par les Frères en raison, selon lui, de nombreuses irrégularités.

"Le processus électoral du référendum a été gâché par de nombreuses violations, irrégularités et manquements", a estimé le Front dans un communiqué.

Selon des résultats non officiels, basés sur les comptages des responsables de bureaux de vote, 56,5 pc des électeurs avaient voté pour le projet controversé de la Constitution lors d’un premier tour de ce référendum qui s’est déroulé dans huit gouvernorats la semaine dernière.

Pour cette opposition, il s’agit d’un projet liberticide trop fortement empreint de principes religieux.

"La nation est de plus en plus divisée et les piliers de l’Etat chancellent", a écrit sur Twitter l’ancien candidat à la Présidence, Mohamed El Baradeï, ajoutant que "la pauvreté et l’illettrisme sont un terrain fertile pour le prosélytisme".

Pour leur part, des organisations de défense des droits de l’Homme ont rapporté plusieurs abus, comme l’ouverture tardive de certains bureaux de vote, les consignes de vote données par des responsables et des cas de corruption.

Des observateurs de la société civile ont été empêchés d’entrer dans des bureaux de vote, la supervision judiciaire n’était pas totale et des personnes se sont fait passer pour des magistrats, selon plusieurs ONG, dont le Centre du Caire pour les droits de l’Homme, l’Organisation égyptienne des droits de l’Homme (EOHR) et le mouvement Shayfeencom (Nous vous voyons). Ces ONG ont affirmé que des femmes avaient été également empêchées d’entrer dans certains bureaux de vote.

Auparavant, le FSN, qui a fait aussi état d’irrégularités, a souligné dans un communiqué avoir relevé 120 noms de personnes qui ont supervisé le vote "usurpant la qualité de magistrat", outre les "dépassements flagrants qui visaient à falsifier la volonté du peuple".

Le chef de l’Etat Mohamed Morsi a, quant à lui, assuré que l’Egypte "veut parachever sa transition démocratique" engagée après la chute de Hosni Moubarak en février 2011.

Il assure aussi que le texte permettra de doter le pays d’un cadre institutionnel stable, la précédente loi fondamentale ayant été suspendue il y a près de deux ans après la chute du régime de Hosni Moubarak sous la pression d’une révolte populaire.

Les électeurs égyptiens sont appelés à se prononcer samedi pour ou contre cette Loi fondamentale rédigée par une Assemblée constituante dominée par les islamistes.

L’entrée en vigueur de ce texte doit précéder la tenue d’élections parlementaires qui pourraient avoir lieu en 2013.

Initialement prévu sur une seule journée, le vote a eu lieu finalement sur deux jours à une semaine d’intervalle, les 15 et 22 décembre, les autorités voulant pallier l’absence de nombreux juges ayant annoncé leur boycott.

Pour être considérée comme valide, toute élection doit se faire sous supervision judiciaire en Egypte.

Le président Morsi a demandé à l’armée de se déployer, en collaboration avec la police, pour assurer la sécurité pendant le référendum, organisé dans un contexte très tendu. Il a aussi rendu aux militaires le droit d’arrêter des civils dans le cadre du maintien de l’ordre pendant le scrutin.

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