Premier élément nouveau avancé : le matin de son arrestation, DSK aurait découvert, grâce à un coup de téléphone d’une amie qui serait documentaliste au siège de l’UMP, que son Blackberry était sur écoute. Celle-ci l’aurait averti qu’au moins un de ses mails à sa femme avait été lu par des membres du parti. DSK aurait alors appelé Anne Sinclair pour l’avertir, et fait part de son intention de faire examiner ses portables à son retour à Paris. C’est ce fameux portable qu’il cherchera une fois arrivé à l’aéroport John-F.-Kennedy, et qui le poussera à téléphoner au Sofitel. Coup de fil qui a permis aux policiers d’aller l’arrêter.
Chambre 2820. Deuxième révélation : l’existence d’une vidéo provenant du système de surveillance du Sofitel prise juste avant l’arrivée de la police sur les lieux. Il est 13 h 33. «Elle montre deux hommes de la sécurité du Sofitel se taper dans les mains sur le mode "give me five" ["tape m’en 5", ndlr], comme après un bon coup , a confirmé à Libération une source judiciaire qui a pu visionner la bande. Ils dansent même de joie.» L’un des deux hommes est celui qui a recueilli les confidences de Nafissatou Diallo et l’a orientée vers la sécurité de l’hôtel. Le nom de l’occupant de la chambre 2820, située à côté de la suite 2806 occupée par DSK, reste un mystère selon le journal américain. C’est pourtant là que Nafissatou Diallo est allée avant d’entrer dans la chambre de DSK. C’est là aussi qu’elle est retournée après son agression présumée, ce qu’elle n’avait pas raconté aux enquêteurs américains dans un premier temps.
«Cet article soulève de nombreuses questions qui méritent des réponses de la part du Sofitel et du gouvernement français, a réagi William Taylor, l’un des deux avocats américains de DSK, qui nous a confirmé que le Blackberry de son client n’a jamais été retrouvé. Nous pensons qu’ils doivent nous fournir des explications.» Avant que la procédure ne soit abandonnée par le procureur de New York, qui a estimé que la parole de Nafissatou Diallo, la principale accusatrice, n’était pas suffisamment fiable pour la tenue d’un procès, le manque de coopération du Sofitel avait déjà été souligné par les avocats de DSK. Tout comme la proximité de certains des membres de la direction avec l’UMP, laissant planer le fantôme du complot.
Enervement. «P enser que l’agression sexuelle dont s’est rendu coupable DSK contre Mme Diallo puisse être une conspiration est une thèse qui se situe au-delà de l’absurde. De plus, elle ne repose sur aucune preuve tangible, sur aucun fait», riposte Douglas Wigdor, conseil de la femme de chambre. Même énervement au siège de l’UMP à Paris : «Il y a trois documentalistes à l’UMP, aucune d’elle ne connaît DSK. Cette histoire est hallucinante, nous avons saisi nos avocats pour envisager un dépôt de plainte pour diffusion de fausses informations.» Pas de doute en tout cas que ces nouveaux éléments, tout comme l’affaire de proxénétisme du Carlton lillois dans laquelle DSK n’a toujours pas été entendu malgré ses demandes, va peser sur la procédure au civil actuellement en cours au tribunal du Bronx.