Douche froide de l’Union Européenne au projet indépendantiste écossais

Le projet indépendantiste porté par une minorité de nationalistes écossais a essuyé un sérieux revers avec la récente annonce faite par le président de la Commission européenne (CE), José Manuel Barroso, qui estime « difficile, voire impossible » une adhésion d’une Ecosse indépendante à l’Union Européenne.

Confronté à la "Realpolitik" d’une Union Européenne, convaincue que "l’union fait la force", le projet sécessionniste de l’Ecosse, soutenu uniquement par un tiers des électeurs, s’écroule et tombe à l’eau.

Selon le président de la CE, "il sera être extrêmement difficile, voire impossible" pour une Ecosse indépendante d’intégrer l’UE, car l’adhésion à l’UE d’un Etat issu d’un pays membre de l’Union "doit être approuvée par tous les autres membres de l’Union européenne".

Ces propos ont engendré une onde de choc si puissante que toute la classe politique écossaise ainsi que les composantes de la société civile ont commencé à réfléchir aux retombées et au spectre de vivre dans une Ecosse hors de l’espace européen et privée aussi bien de la monnaie européenne que de la livre Sterling.

De l’avis de Manuel Barroso, "il serait très difficile d’obtenir l’assentiment de tous les Etats membres pour intégrer un nouvel Etat membre issu d’un pays" déjà dans l’UE, citant à cet égard l’exemple de l’Espagne qui s’est opposée à  »la reconnaissance du Kosovo, ce qui est dans une certaine mesure un cas similaire car il s’agit d’un nouveau pays".

Le refus de l’Espagne d’approuver l’adhésion du Kosovo au sein de l’UE s’explique par le fait qu’elle est confrontée, elle-même, aux poussées indépendantistes de la région de Catalogne (Nord-est). Plusieurs autres pays, membres de l’Union européenne, connaissent la même situation et s’efforcent de contenir et gérer au mieux des revendications séparatistes de certaines provinces.

Selon les médias écossais et britanniques, les propos de Barroso sont tombés comme un couperet au sein de la société écossaise qui n’a jamais songé qu’elle pourrait être exclue de l’espace européen, voire perdre les avantages de vivre sous la coupole de l’UE.

Pis encore, l’Ecosse, qui fait partie depuis trois siècles du Royaume-Uni au sein duquel elle jouit d’une forte autonomie disposant de son propre gouvernement et parlement, risque aussi de perdre la monnaie anglaise, la livre sterling.

En effet, le ministre britannique des Finances, George Osborne avait averti: "Si l’Ecosse quitte le Royaume-Uni, elle quitte la livre sterling", affirmant que rien n’obligerait l’Angleterre à partager la livre sterling avec une Ecosse indépendante, lors du référendum prévu le 18 septembre prochain.

"Partager la livre sterling ne serait pas dans l’intérêt de l’Ecosse et du reste du Royaume-Uni. Le reste des Britanniques ne l’accepterait pas, et le Parlement de Westminster y ferait opposition", avait précisé le Chancelier de l’Echiquier.

Les dirigeants des plus grands partis politiques en Angleterre tels que le Parti de l’opposition travailliste et le Parti des Libéraux-Démocrates soutiennent les "Tories" contre une union monétaire avec l’Ecosse.

Les arguments avancés sont multiples et concernent de nombreux secteurs de l’économie : dépenses publiques, sécurité monétaire, dette…

Si l’Ecosse voudrait conserver la livre sterling, elle devrait partager une partie de la dette britannique colossale qui s’élève à 1.200 milliards de livres. En contrepartie, Londres devrait soutenir financièrement Edinbourg en cas de faillite et de difficultés économiques, ce qui ne plaît guère aux contribuables britanniques.

Selon des experts avertis, une union monétaire entraînerait des restrictions budgétaires pour l’Ecosse, ce qui est en contradiction avec sa volonté de se libérer de la tutelle britannique.

Exaspérés et fragilisés par les propos du président de la Commission européenne et par la position de Londres sur la livre sterling, les responsables écossais, dont le Premier ministre Alex Salmond, tentent depuis quelques jours désespérément de rassurer des électeurs sceptiques sur le projet indépendantiste qui apparait de plus en plus "irréaliste et irréalisable".

De l’avis de certains analystes, sans le soutien de Bruxelles et Londres, l’Ecosse se retrouverait au pied du mur, alors que la balance pèse actuellement en faveur des unionistes au détriment des nationalistes qui semblent aux abois.

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