Dix mois avec sursis requis contre l’ex-ambassadeur du Vatican en France jugé pour agressions sexuelles

Dix mois de prison avec sursis ont été requis à Paris contre l’ancien ambassadeur du Vatican en France, Luigi Ventura, jugé depuis mardi pour des agressions sexuelles sur cinq hommes dans l’exercice de ses fonctions diplomatiques.

« Le tribunal doit juger sans faiblesse » mais « ne faisons pas de M. Ventura la victime expiatoire de tous les abus qui ont pu être commis dans l’Eglise », a déclaré le procureur, qui a estimé qu’il fallait tenir compte d’une expertise concluant à une altération du discernement.

En l’absence du prélat italien de 75 ans, resté à Rome pour des raisons sanitaires liées au coronavirus, trois plaignants ont raconté à la barre leur « sidération » au moment des faits qu’ils dénoncent, à chaque fois lors d’évènements publics.

« Je veux qu’on me dise: +oui, vous avez été victime de Luigi Ventura+ et j’espère, mais ça me dépasse, que ça permettra la libération de la parole d’autres victimes », a déclaré Mathieu de la Souchère.

Alors en charge des évènements internationaux à la mairie de Paris, il avait accueilli Luigi Ventura, doyen de l’ordre diplomatique, pour la cérémonie des voeux le 17 janvier 2019.

Selon son récit, le nonce lui a touché les fesses de façon appuyée à trois reprises, dont une fois devant témoins.

Ces faits ont été signalés par la mairie de Paris en janvier 2019, entraînant l’ouverture d’une enquête. Par la suite, d’autres hommes se sont manifestés auprès de la justice et le Saint-Siège a levé, le 8 juillet 2019, l’immunité du diplomate, une première dans l’histoire moderne du Vatican.

Un community manager de la mairie de Paris d’un quarantaine d’années a ainsi appris l’enquête par la presse et décidé de porter plainte pour un épisode datant de la même cérémonie, un an plus tôt.

Un troisième plaignant, séminariste alors âgé de 20 ans, a rapporté, lui, cinq gestes comparables sur les fesses lors d’une messe le 8 décembre 2018 à Saint-Maur-des-Fossés, près de Paris.

Deux autres hommes ont relaté des faits similaires: l’un lors d’une soirée franco-italienne à l’hôtel Meurice à Paris, l’autre, un haut-fonctionnaire, lors d’une réunion préparatoire au G7. Tous deux étaient absents mardi.

Au cours de l’enquête, Luigi Ventura a inlassablement nié les faits, invoquant notamment son « tempérament latin » et sa « vue altérée », décrivant des « salutations amicales » sans « aucune connotation sexuelle ».

Le tribunal rendra sa décision le 16 décembre.

En France, l’agression sexuelle est passible d’une peine de prison maximale de 5 ans et de 75.000 euros d’amende.

Diplomate de carrière du Vatican, Mgr Ventura était en poste depuis 2009 à Paris, chargé des relations du Saint-Siège avec les autorités françaises d’une part et avec les évêques de France d’autre part. Il a démissionné en décembre 2019 pour « limite d’âge ».

Entré au service diplomatique en 1978, il a été nonce apostolique en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso et au Niger (1995), puis au Chili (1999), au Canada (2001), avant d’être nommé dans la capitale française.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite