Benoît XVI n’a «plus les forces» de diriger l’Eglise. Il quittera ses fonctions le 28 février. La dernière fois qu’un pape a démissionné, c’était en 1415.
Cet intellectuel bavarois, arrivé sur le trô ne de Pierre avec une réputation de conservateur intransigeant qu’il saura atténuer au fil des ans, a eu à gérer la plus forte crise de l’Eglise contemporaine: celle des révélations en cascade d’abus sexuels commis sur des enfants par des membres pédophiles du clergé, aggravés par l’"omerta" de la hiérarchie.
Réservé dans le contact direct, il est jugé attentionné, chaleureux et attentif par ses interlocuteurs. Il se montre désireux de communiquer via médias et multimédia avec la société et ses meilleurs penseurs, pensant que l’Eglise se marginalisera si elle ne joue pas ce jeu.
Ce pape conservateur mais intéressé par le monde moderne est inflexible comme Jean Paul II sur les questions morales: au nom de la défense de la vie humaine, il maintient la condamnation de l’avortement, des manipulations génétiques, de l’euthanasie ou des unions homosexuelles. Cela va contribuer à une incompréhension profonde des thèses de l’Eglise en Occident, alors qu’il souhaite qu’elle soit mieux écoutée et engage un dialogue fructueux avec les agnostiques, "le Parvis des gentils".
Selon lui, le christianisme restera crédible s’il est exigeant. Il préfère une Eglise minoritaire et convaincue à une communauté de foi vague.
Sur les réformes internes, Benoît XVI se montre très frileux. Il ferme ainsi la porte à toute évolution sur le célibat des prêtres. Il fait des gestes vers les traditionalistes et ouvre les portes aux anglicans conservateurs opposés à l’ordination des femmes et homosexuels. Il accentue le dialogue avec les orthodoxes, et ne cache pas ses divergences fondamentales avec les protestants.
Il poursuit aussi le dialogue interreligieux. Avec l’islam qu’il a irrité par des remarques sur la religion et la violence, le dialogue sera parfois difficile, mais il multipliera les appels, notamment en Afrique et au Liban, pour la coexistence entre les deux grands monothéismes. Avec le judaïsme, il poursuit la ligne de proximité de Jean Paul II, même si la défense de la cause du béatification du pape Pie XII, contesté pour son attitude pendant la guerre, crée quelques irritations.
Le brillant théologien conservateur a semblé moins à l’aise avec les dossiers diplomatiques, après l’âge d’or de la diplomatie vaticane sous Jean Paul II. Il prô nera une certaine ouverture à l’égard de la Chine. Fervent apô tre de la paix au Proche-Orient, Benoît XVI se mobilisera pour les chrétiens d’Orient et défendra une solution prévoyant la création d’un Etat palestinien aux cô tés d’Israël.