Crise en Côte d’Ivoire: Echec du médiateur de l’UA Odinga à Abidjan sur le départ du Gbagbo
La nouvelle mission à Abidjan du médiateur de l’Union africaine (UA) pour la crise ivoirienne, Raila Odinga, s’est achevée sans aucune percée dans les discussions sur le départ du pouvoir du président sortant Laurent Gbagbo.
Il l’a accusé de ne pas avoir levé le siège du grand hôtel d’Abidjan dans lequel M. Ouattara est retranché depuis le début de la crise.
"En dépit de très longues discussions lundi avec monsieur Laurent Gbagbo et le président élu (Alassane) Ouattara (…), j’ai le regret d’annoncer que la percée nécessaire n’a pas eu lieu", a-t-il déclaré avant de quitter la Côte d’Ivoire où il était arrivé lundi. "Monsieur Gbagbo m’avait donné l’assurance que ce blocus serait levé hier mais, pour la deuxième fois en quinze jours, il n’a pas tenu sa promesse", a-t-il ajouté.
M. Odinga avait séjourné début janvier à Abidjan avec trois chefs d’Etat africains, mandatés par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest (CEDEAO).
Le Premier ministre kenyan avait rencontré lundi et mardi M. Gbagbo en tentant de le convaincre de céder le pouvoir à son rival. "L’un des objectifs principaux de ma mission était de convaincre M. Gbagbo d’accepter que la question de (son maintien à la) présidence figure à l’ordre du jour des discussions", a-t-il expliqué.
"Le temps commence à se réduire pour une résolution amicale négociée", a averti M. Odinga précisant toutefois que l’option d’une intervention militaire pour déloger M. Gbagbo restait un "dernier recours". Il a également mis en garde que "la fenêtre d’opportunités pour une amnistie va continuer de se refermer si les partisans de M. Gbagbo continuent à commettre des crimes contre les civils et les forces de maintien de la paix".
L’émissaire de l’UA a expliqué que M. Ouattara devrait garantir au président sortant la liberté de choisir entre continuer dans la politique en Côte d’Ivoire ou s’installer dans le pays de son choix, ajoutant que le président élu s’était également engagé à nommer "25 % d’alliés" de Laurent Gbagbo dans son gouvernement.
Parallèlement aux efforts diplomatiques, une réunion des chefs d’Etat-major des 15 pays de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest (CEDEAO), consacrée à la crise ivoirienne, s’était ouverte mardi à Bamako. Les dirigeants militaires de la CEDEAO vont examiner l’éventualité de lancer une opération militaire pour chasser du pouvoir le président ivoirien sortant. La CEDEAO avait menacé, lors de son sommet extraordinaire en décembre à Abuja, de recourir à la force pour évincer Laurent Gbagbo, qui refuse de reconnaître sa défaite dans cette élection.
"En cas de rejet de cette demande non négociable (céder le pouvoir à Ouattara-Ndlr), la Communauté n’aura d’autre choix que de prendre toutes les mesures nécessaires, y compris l’usage de la force légitime pour réaliser les aspirations du peuple ivoirien", a indiqué le communiqué final du sommet.
Par ailleurs, le Conseil de sécurité des Nations unies a repoussé, mardi, le vote d’une résolution pour l’envoi de 2.000 hommes supplémentaires en Côte d’Ivoire, pour appuyer la mission onusienne face au camp Gbagbo qui réclame son départ et entrave son travail. Si ce renfort était adopté, les effectifs de l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci) seront d’environ 11.500 hommes, civils et militaires.