"Nous lui avons présenté une proposition qui recueille l’assentiment de nombreux secteurs de la société nicaraguayenne et exprime les voeux de la majorité de la population", a expliqué la Conférence épiscopale du Nicaragua dans un communiqué lu à la presse par son président, le cardinal Leopoldo Brenes.
"Nous espérons sa réponse écrite le plus tôt possible" afin d’évaluer "la possibilité de continuer" les négociations en vue d’une reprise du dialogue entre le pouvoir et l’opposition qui a notamment réclamé des élections anticipées, avant l’échéance prévue de 2021. Elle demande aussi le remplacement des membres du Tribunal électoral acquis au pouvoir.
L’épiscopat, qui s’est posé en médiateur depuis mai en essayant de mettre face à face le gouvernement et l’opposition, formée de représentants des étudiants, d’entreprises et de la société civile, avait pris la décision de suspendre le dialogue après la mort de 16 manifestants, le 30 mai. Le lendemain, ils avaient annoncé qu’il ne reprendrait pas tant que la répression continuerait.
Cette nouvelle initiative vise à sortir le pays de la grave crise politique et sociale dans laquelle il est plongé depuis le début des manifestations, le 18 avril. Réprimées d’une main de fer par les autorités, elles ont fait 134 morts, selon le Centre nicaraguayen des droits de l’homme (Cenidh).
En présentant ce bilan, Marlin Sierra, secrétaire exécutive de l’ONG, a indiqué jeudi qu’il s’était alourdi ces dernières 24 heures après la mort de trois jeunes dans la nuit de mercredi (à jeudi) dans la ville de Chinandega (nord-ouest) et un autre à Nueva Guinea (nord).
Selon la presse locale, des groupes armés ont attaqué mercredi soir à Chinandega, la préfecture du département éponyme, de jeunes manifestants qui tentaient de perturber la circulation automobile vers plusieurs postes-frontières du Honduras voisin.
Les trois jeunes gens, dont un étudiant de Leon (ouest), ont été tués par balle, ont précisé les médias locaux.
"Ce que fait Daniel Ortega est proprement injuste (…) Il tue son propre peuple", protestait Zeneyda del Rosario Cuesta, dont le fils de 17 ans a été tué dimanche à Masaya (sud), devenue le nouvel épicentre des violences ces derniers jours.
Cette vague de contestation sans précédent contre le héros de la révolution sandiniste, qui avait renversé la dictature en 1979, a été déclenchée par une réforme des retraites abandonnée depuis, mais qui a vite tourné à un mouvement général de rejet à l’encontre de Daniel Ortega.