Conquérant, Renault va détailler son plan stratégique à horizon 2022
Renault, ses comptes au beau fixe, présente vendredi son plan stratégique à moyen terme, réponse attendue aux enjeux de la mondialisation de l’automobile et à de lourds défis technologiques.
Lors d’une conférence de presse, M. Ghosn devrait davantage entrer dans les détails d’un plan qui concerne les cinq marques (Renault, Dacia, Samsung Motors, Alpine et Lada) d’un groupe présent dans 127 pays.
Et ce, sans prendre en compte l’alliance avec les japonais Nissan et Mitsubishi qui a permis de réaliser cinq milliards d’euros d’économies d’échelle en 2016, l’objectif étant de les doubler d’ici à 2022.
A cette échéance, l’alliance pense vendre 14 millions de véhicules, une hausse de 40 % par rapport à l’année dernière. L’entité a revendiqué la première place mondiale en termes de volumes au premier semestre 2017.
Quelle place pour Renault dans cette feuille de route ? Le constructeur a écoulé 3,18 millions d’unités l’année dernière, loin derrière les 5,64 millions de Nissan, groupe au secours duquel le français était venu en 1999 et dont il détient toujours 43,4 %.
M. Ghosn devrait avoir les moyens de ses ambitions chez Renault, qui a dégagé en 2016 un bénéfice net de 3,54 milliards d’euros.
"La taille critique est plus que jamais primordiale pour pouvoir continuer à investir dans les gammes et relever tous les défis de demain", remarque Flavien Neuvy, directeur de l’observatoire Cetelem de l’automobile, interrogé par l’AFP.
Assise géographique
Parmi ces "défis": le gonflement des budgets de recherche et développement nés de normes environnementales de plus en plus strictes avec la nécessaire électrification des automobiles.
Au niveau de l’alliance, M. Ghosn a évoqué d’ici à 2022 le lancement de 12 nouveaux modèles de véhicules "100 % électriques" et le développement de 40 modèles dotés de technologies de conduite autonome.
Se pose aussi la question de la couverture géographique. "Il y a un vrai défi pour Renault de devenir une marque complètement mondialisée parce qu’il faut aller chercher la croissance dans tous les pays du monde", explique à l’AFP Rémi Cornubert, expert du secteur automobile chez AT Kearney.
Renault dépend encore de l’Europe, où il a réalisé avec 56,7 % de ses ventes en 2016. Mais l’entreprise se développe en Chine, en Inde et en Iran, et espère capitaliser sur le rebond attendu des marchés brésilien et russe sur lesquels elle a beaucoup investi.
Les observateurs du secteur écouteront aussi attentivement les éventuelles annonces de M. Ghosn en matière de véhicules "low-cost", vendus sous la marque Dacia en Europe occidentale. Très rentables, ils représentent aujourd’hui près d’un tiers des volumes du groupe.
Le PDG a déjà promis pour la Chine une auto électrique à bas coût, extrapolée de la Renault Kwid, la voiture pour tout petits budgets dans les pays émergents.
Il s’agit également de trouver de relais de croissance, alors que les cycles économiques peuvent déjouer les prévisions.
Le groupe en avait fait l’expérience lorsque la crise européenne l’avait contraint à réviser à la baisse les ambitions de son plan stratégique de 2011. A la faveur de la reprise, les nouveaux objectifs avaient été finalement atteints avec un voire deux ans d’avance.
Autres questions ouvertes, l’éventuelle cession par l’Etat français d’une partie de sa participation de 19,7 % au capital, le devenir de M. Ghosn, 63 ans, dont le mandat court jusqu’à l’assemblée générale de 2018, et l’affaire du "dieselgate" qui vaut à Renault d’être visé par une information judiciaire en France.
La réponse du groupe au réalignement du marché européen vers les motorisations essence inquiète d’ailleurs des syndicats.
"On a des craintes que les économies se fassent principalement dans l’ingénierie française", plus tournée vers les motorisations diesel, avec comme conséquence "une réduction assez drastique des effectifs", a expliqué à l’AFP Fabien Gâche de la CGT, deuxième syndicat.
"La manière d’atteindre l’objectif (des économies d’échelle) sera importante", a remarqué pour sa part Franck Daoût, de la CFDT. "Nous aurons beaucoup de questions, en particulier sur les synergies dans l’ingénierie et la future plateforme unique" électrique, a-t-il prévenu.
AFP