«En l’absence de ce dysfonctionnement», la baisse d’août aurait été «comprise entre 22.000 et 29.000» pour les demandeurs d’emploi de catégorie A (sans activité), estiment Pôle emploi et le ministère du Travail.
En tenant compte des personnes en activité réduite, elle est évaluée entre «22.000 et 31.000».
Toutefois, cette baisse «reste très significative» et «la plus importante depuis décembre 2007», a réagi le ministère du Travail.
Le 25 septembre, Pôle emploi avait annoncé que le nombre d’inscrits avait reculé en août pour la première fois depuis plus de deux ans, avec 50.000 personnes de moins en catégorie A (sans activité) en métropole et 62.700 en incluant ceux ayant une activité réduite.
Une baisse de cette ampleur n’avait pas été vue depuis près de 13 ans pour la catégorie A. Tous les observateurs avaient alors relevé qu’un nombre très élevé de personnes (77.500 de plus qu’en juillet, +38,8%) avaient disparu des listes faute d’avoir informé Pôle emploi de l’évolution de leur situation.
Les raisons de ce boom des sorties de listes pour défaut d’actualisation restaient à éclaircir. Car derrière le «défaut d’actualisation» mensuelle peut se cacher une reprise d’emploi non déclarée mais aussi des oublis, retards ou entrées en formation.
Lundi matin, le ministre du Travail Michel Sapin avait affirmé avoir demandé à Pôle emploi «de regarder précisément ce qui s’est passé» pour expliquer leur nombre «anormalement élevé».
Un décalage de versement pour 6 à 7.000 personnes
Les «investigations» menées par Pôle emploi et le ministère du Travail ont permis de lever en partie le mystère puisqu’une grande part de ces «défauts d’actualisation» résulte «d’un dysfonctionnement» chez SFR.
Dans un communiqué commun, ils mettent en exergue une «grave défaillance» chez l’opérateur téléphonique SFR, qui a «contribué à la diminution du nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi en août».
Le dysfonctionnement a perturbé «l’acheminement d’une partie des messages de relance» (SMS et messages vocaux) envoyés aux demandeurs d’emploi pour qu’ils actualisent leur situation.
Ces messages sont envoyés 5 jours avant l’échéance d’actualisation «aux demandeurs d’emploi qui n’ont pas encore effectué leurs obligations de déclaration», précisent-ils.
«Il y a effectivement eu un dysfonctionnement pendant une journée sur une campagne de Pôle Emploi, sur une plate-forme SMS, qui a été réglé dans la journée», a expliqué à l’AFP le directeur de la communication de SFR, Julien Villeret.
Michel Sapin a demandé au directeur général de Pôle emploi «de s’assurer que cet incident n’a pas de conséquence pour les demandeurs d’emploi concernés, notamment quant à leur indemnisation».
Du fait du bug, «6.000 à 7.000 demandeurs d’emploi ont vu leur allocation versée avec un léger décalage», a reconnu auprès de l’AFP un porte-parole de Pôle emploi.
Lorsqu’un demandeur d’emploi n’effectue pas le renouvellement mensuel obligatoire, il cesse automatiquement d’être inscrit et perd ses allocations chômage. S’il se réinscrit dans les quelques jours, il perçoit avec un retard son indemnisation.
Dans un communiqué, M. Sapin «prend acte de cet incident» et de «son impact sur la baisse observée en août».
Mais il souligne que «même après prise en compte des effets de cet incident, l’amélioration de la situation du marché du travail se confirme en août».
Les «perspectives pour les mois à venir ne sont en rien modifiées», dit-il, «la détermination reste plus que jamais celle de l’inversion de la courbe du chômage d’ici la fin de l’année», voulue par le président François Hollande.