Brésil : Le ministre du tourisme démissionne laissant le gouvernement Temer dans la tourmente

A près d’un mois de son installation, le gouvernement du président par intérim, Michel Temer, a subi un coup dur majeur, jeudi, avec la démission du ministre du Tourisme, Henrique Eduardo Alves, dont le nom a été cité dans le scandale de Pertorbas, à l’instar des ministres de l’urbanisation, Romero Juca, et de la transparence Fabiano Silveira, qui ont quitté le navire après l’ébruitement d’enregistrements compromettants sur leur implication, eux aussi, dans ce scandale.

Le ministre du tourisme a présenté sa lettre de démission après que l’ancien président de Transpetro, Sergio Machado, devenu délateur contre une réduction de peine pour son implication dans des affaires de corruption, l’ait accusé d’avoir perçu 1,5 million de réais (plus de 440.000 dollars) de pots-de-vin de sa part.

Dans sa lettre de démission, publiée par le bureau de presse du ministère du tourisme, Alves impute sa décision à son souhait de ne pas créer plus de difficultés pour le gouvernement de Michel Temer et de préserver le salut national.

Alves, qui fait l’objet de demandes d’enquête pour corruption, est le troisième ministre à quitter le gouvernement de Temer, fragilisé au plus haut niveau par une série de scandales à répétition, impliquant les plus hauts gradés du parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB) qui a œuvré activement en faveur de la suspension de Mme Rousseff.

En plus du trio Juca, Silveira, et Alves, les révélations de Machado ont fragilisé plusieurs alliés de Temer comme le président du Sénat Renan Calheiros, l’ancien président José Sarney et l’ancien président de la chambre des députés, Eduardo Cunha, accusés, pour certains, de tentative d’obstruction à l’enquête lavage rapide sur le scandale Petrobras.

Temer, lui-même, a été rattrapé par les révélations de Machado, qui l’a accusé d’avoir demandé personnellement des pots de vin provenant de la corruption à Petrobras pour financer la campagne du député fédéral Gabriel Chalita à la mairie de Sao Paulo, en 2012.

M. Temer aurait demandé à Machado des ressources illicites provenant d’entreprises qui avaient des contrats avec Transpetro.

Les déboires du gouvernement brésilien renforcent la théorie du complot défendue par la présidente Dilma Rousseff tout au long de la procédure de destitution lancée à son égard par l’ancien président de la chambre de députés et ennemi juré, Eduardo Cunha et discréditent encore plus l’administration de Temer.

Ils ont également mis à nu les vulnérabilités de la "Maison de verre" du président par intérim Michel Temer et de ses hommes de confiance comme Geddel Vieira Lima (secrétariat du gouvernement), dont le nom est cité dans une enquête pour corruption lancée contre Leo Pinheiro, propriétaire de la compagnie de construction immobilière OAS.

Deux autres membres de noyau dur du gouvernement de Temer, à savoir Moreira Franco (conseiller spécial) et Eliseu Padilha (ministre de la Maison civile), apparaissent également dans l’affaire Pinheiro et leurs noms ont été cités par l’ancien sénateur Amaral Delcídio, qui avait passé un accord de délation avec le parquet fédéral, à l’instar de Machado.

Six autres ministres Mendonça Filho (Education), José Serra (Affaires étrangères), Raul Jungmann (Défense) Ricardo Barros (Santé), Osmar Terra (Développement social et agricole) et Bruno Araújo (Villes) ont été cités dans le cadre de l’affaire de la compagnie de construction Oderbrecht, qui a bénéficié des largesses du réseau de corruption de Petrobras.

De l’avis d’experts politiques, comme Valeriano Costa, les révélations de Machado ont renforcé la possibilité d’un retour de la présidente Rousseff au palais de Planalto, un scénario qui semblait totalement impensable il y a quelques semaines seulement.

Selon Costa, qui dirige le Centre des études sur l’opinion publique de l’université d’Etat de Campinas (Etat de Sao Paulo), de nouvelles révélations risqueraient de faire capoter l’appui du Sénat au gouvernement par intérim et d’occasionner un vote sanction qui permettrait un retour de la présidente faute d’une majorité des deux tiers pour confirmer sa destitution.

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