Ses critiques à l’encontre de la Fédération française de football (FFF) – elle a estimé, le 6 juin dernier, que l’hôtel des Bleus en Afrique du Sud pour la Coupe du monde était trop luxueux – ont été incomprises et lui coûtent cher. La note est sans doute doublement salée en raison des révélations du Canard enchaîné. Selon l’hebdomadaire, la chambre d’hôtel retenue pour la secrétaire d’État aux Sports en Afrique du Sud était plus onéreuse que celles des joueurs de l’équipe de France. Rama Yade a eu beau affirmer par la suite ne pas avoir y avoir séjourné, son image a été écornée.
Le rose caracole en tête
Toutefois, cette affaire résonne différemment depuis ce week-end et le psychodrame qui agite l’équipe de France de football. Samedi, la publication à la une de l’Équipe des supposées insultes adressées par Nicolas Anelka à Raymond Domenech, l’exclusion du joueur de l’équipe et l’attitude d’enfant gâté de l’ensemble du groupe dimanche, qui a refusé de s’entraîner pour manifester sa colère, ont provoqué la colère des Français et des réactions en chaîne dans la classe politique, dont certaines rejoignent les critiques proférées au début du mois par la secrétaire d’État aux Sports…
Quoi qu’il en soit, la chute de Rama Yade donne une teinte exclusivement rose à la tête du classement. Les cinq leaders du palmarès politique sont tous socialistes. Le numéro un est le directeur du FMI, Dominique Strauss Kahn (65 % d’opinion favorable), qui s’emploie à régler la crise financière mondiale en même temps qu’il réfléchit à une éventuelle candidature à la présidentielle en 2012. Suivent d’autres habitués de notre classement : le maire de Paris, Bertrand Delanoë (55 % d’opinion favorable), prend la deuxième place de notre palmarès, tandis que l’ex-ministre de la Culture, Jack Lang (51 % d’opinion favorable), remonte à la 4e place (7e en mai) et, plus surprenant, la première secrétaire du PS, Martine Aubry, s’installe dans le top 5. Cette dernière gagne six places dans le classement (avec 49 % d’opinion favorable, pour 46 % en mai). La socialiste a fait parler d’elle durant ce mois de juin, essentiellement pour le lancement de la rénovation de son parti. Même si elle a plié devant les sénateurs socialistes, leur laissant jusqu’à 2012 pour appliquer le non-cumul des mandats (un an de répit pour une mesure si importante à ses yeux), elle ne rompt pas. Martine Aubry fait de la bataille contre la réforme des retraites son nouveau cheval de bataille.
Sarkozy et Fillon stagnent, Villepin grimpe
Face aux socialistes, les membres du gouvernement sont donc à la traîne. Rama Yade, mais également Fadela Amara, qui réalise la deuxième chute la plus spectaculaire. La secrétaire d’État à la Politique de la ville, au coeur d’une polémique sur son logement de fonction, perd neuf points au classement (de 50 % d’opinion favorable en mai à 41 % d’opinion favorable en juin) et glisse de la 6e place à la 12e. Éric Woerth, autour duquel l’affaire Bettencourt prend de l’ampleur – sa femme a été contrainte lundi d’annoncer sa démission de la société où elle gère depuis 2007 une partie de la fortune de Liliane Bettencourt – perd deux points, mais est relativement épargné, passant de la 27e à la 28e place du classement (27 % d’opinion favorable, pour 29 % en mai). Le ministre du Travail, qui porte la réforme des retraites, gagne même un point d’opinion favorable chez les sympathisants UMP.
Le Premier ministre, François Fillon, perd deux points d’opinion favorable, à 47 %, alors qu’outre les affaires relatives à Rama Yade et à Éric Woerth, son gouvernement a également dû faire face à d’autres controverses, concernant les dépenses en cigares de Christian Blanc ou encore les appartements de fonction de Christian Estrosi. Par ailleurs, la polémique autour de la double rémunération de Christine Boutin a poussé une partie de son équipe à renoncer à se retraite de parlementaire, projetant la lumière sur les privilèges des élus en temps de crise.
Nicolas Sarkozy ne remonte pas non plus la pente. À 35 % d’opinion favorable, il perd un point par rapport au mois de mai… mais ne retombe pas à son niveau historiquement bas du mois d’avril. 32 % des Français jugeaient alors son action positivement. Alors que Nicolas Sarkozy aurait pris la décision de se représenter en 2012, il est temps que la mécanique s’inverse. D’autant que son éternel rival Dominique de Villepin, qui a lancé ce week-end en grande pompe son mouvement République solidaire (RS), gagne en juin 6 % d’opinion favorable (42 % des Français sont désormais satisfaits de son action, contre 36 % en mai), passant de la 17e à la 11e place de notre palmarès
* Sondage effectué pour Le Point, les 18 et 19 juin 2010, sur un échantillon de 960 personnes constituant un échantillon national représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Étude réalisée par téléphone selon la méthode des quotas.
Par Charlotte Chaffanjon, Le Point