Barack Obama veut réduire le budget de défense

Le Président Barack Obama a prononcé dernièrement un discours historique dans lequel il a fait part de son intention de proposer au congrès de réduire de manière significative le budget de défense, sur les dix années à venir, et de revoir à la baisse l’ampleur et la capacité de projection à l’international des forces armées des Etats Unis.

Selon le plan préconisé par le chef de l’exécutif US, les forces armées devront envisager de réduire de 14 % eurs effectifs, de même que l’arsenal nucléaire national.

Le Pentagone devra, dans le même esprit, reporter sine die ses projets onéreux de production des avions de chasse F-35, sous-traités auprès de la compagnie Lockheed Martin Corp.

D’après des chiffres publiés par le Département US de la Défense, cette cure d’amaigrissement porte sur environ une réduction de 487 milliards de dollars du budget de défense au cours de la prochaine décennie, étant entendu qu’en dépit de la large latitude du Président à déterminer les priorités stratégiques militaires des Etats Unis, il n’en reste pas moins qu’elles ne pourront voir le jour qu’une fois passées par les fourches caudines du Congrès.

Dans son discours, Barack Obama a affirmé que son pays veut ainsi "tourner la page" à une décennie de guerre, en soulignant que les Etats Unis n’entendent pas pour autant se dérober à leur rôle de puissance mondiale.

"Nos forces armées seront certes moins volumineuses, mais le monde doit savoir que les Etats Unis maintiendront leur supériorité à la faveur de forces armées plus agiles, capables de répondre à toutes les contingences et à toutes les menaces", a-t-il tenu à préciser, lors d’une rare apparition au Pentagone.

L’annonce de ce changement stratégique n’a pas tardé à susciter une réaction de la part du sénateur John McCain, candidat malheureux des dernières élections présidentielles, qui a affirmé que les Etats Unis "ne peuvent se permettre une stratégie de défense mue essentiellement par des considérations budgétaires".

Tout en se disant compréhensif du besoin de revoir à la baisse le budget de défense, McCain a mis l’accent sur la nécessité de faire face à "un problème culturel plus large qui mine l’establishment militaire US, à savoir le gaspillage et des programmes inefficients".

Les observateurs s’attendent à une intensification des critiques à l’égard du plan proposé par Obama au fur et à mesure que ses détails sont rendus publics, particulièrement de la part des candidats à l’investiture républicaine aux élections présidentielles de 2012.

Mitt Romney le favori et l’ancien sénateur, Rick Santorum, ont, pour leur part, proposé des augmentations du budget alloué à la défense, en droite ligne du crédo du Parti Républicain.

D’autres pensent, à contrario, que "la première priorité stratégique des Etats Unis, aujourd’hui, réside dans l’impérieuse nécessité de mettre de l’ordre dans les affaires économiques et fiscales du pays".

Richard Haass, Président de l’institut de recherche Council on Foreign Relations et ancien conseiller à la sécurité nationale sous l’Administration de George W. Bush relève, dans ce contexte, "le lien étroit qui existe entre la solvabilité et la sécurité nationale américaine".

Le Wall Street Journal a dernièrement soutenu dans sa page éditoriale que des déficits budgétaires chroniques "rendent les Etats-Unis vulnérables à la pression étrangère", faisant remarquer que ce pays a une ardoise de 7,5 trillions de dollars de dettes contractées par les Américains, un montant dont la moitié est détenue par des investisseurs étrangers.

"Cela veut dire que le gouvernement américain devient dépendant des largesses des créditeurs étrangers et est par conséquent assujetti aux caprices des marchés financiers internationaux", argue le journal. Beaucoup s’accordent, en effet, à reconnaitre que cette situation "réduit l’indépendance des Etats-Unis", ainsi que cette "force de persuasion intangible" qui est celle des présidents américains.

Il convient de rappeler, dans ce contexte, qu’une bonne partie du déficit US est financé par la Chine qui vend aux Etats-Unis pour plusieurs milliards de dollars de produits manufacturés, montants accumulés en devises US qui prennent la direction de l’Amérique, par la suite, sous forme de prêts.

Les observateurs estiment, par ailleurs, que les budgets alloués à l’armée et à la sécurité nationale, considérés comme sacro-saints depuis les attentats du 11 septembre 2001, doivent être revus à la baisse, en attendant que le déficit fédéral prenne une trajectoire plus favorable vers une réelle résorption.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite