Réputée autant pour son accent australien prononcé que pour son franc-parler, Julia Gillard, 48 ans, a succédé en juin à Kevin Rudd, évincé de la tête du gouvernement après avoir perdu des soutiens clés dans les rangs du parti.
Peu de temps après, elle annonçait qu’elle allait "demander la confiance du peuple pour faire avancer l’Australie".
Mais, deux mois plus tard, son pari a échoué. Avec au final 73 sièges contre 73 aux conservateurs selon les dernières projections, soit moins que la majorité (76), les travaillistes devront obtenir le soutien des cinq députés indépendants ou verts pour tenter de former un gouvernement de coalition.
"Les électeurs se sont exprimés, mais il va falloir un peu de temps pour déterminer exactement ce qu’ils ont dit", a déclaré Mme Gillard samedi devant ses supporteurs à Melbourne.
Malgré l’absence de majorité, elle n’a cependant pas renoncé à former un nouveau gouvernement.
"J’ai l’intention de négocier un accord pour former un gouvernement", a-t-elle déclaré dimanche, estimant qu’en excluant les voix en faveur des Verts et des indépendants, les travaillistes avaient "remporté le vote populaire".
Vice-premier ministre du gouvernement Rudd depuis 2007, cette femme à la crinière rousse s’est révélée être l’un des ministres les plus efficaces.
Egalement en charge de l’Emploi et de l’Education, elle a su gérer un ambitieux programme d’investissement dans les établissements scolaires, tout en revenant sur des lois du travail controversées votées par les conservateurs.
Au fur et à mesure que Kevin Rudd dégringolait dans les sondages, cette femme joyeuse assumant ouvertement son célibat et son refus d’enfants gagnait les faveurs de l’opinion.
Née le 29 septembre 1961 au Pays de Galles, Julia Gillard a émigré en Australie avec sa famille à l’âge de cinq ans.
Brillante élève, elle fait des études de droit et d’art à Adélaïde (sud de l’Australie) et prend les rênes en 1983 du Syndicat des étudiants australiens.
Elle entame sa carrière dans le droit du travail avant d’entrer dans le monde politique aux cô tés du leader de l’opposition de l’Etat de Victoria, John Brumby.
Entrée au Parlement en 1998 après avoir été plusieurs fois écartée des investitures par son parti, Mme Gillard jouit de l’estime des milieux politiques australiens.
En 2007, un élu conservateur avait provoqué un tollé en jugeant qu’une femme "délibérément stérile" ne pouvait conduire les affaires du pays.
Dans une interview en 2008, elle avait abordé ce sujet en expliquant qu’elle était "pleine d’admiration pour les femmes qui réussissent à mener de front vie de famille et vie professionnelle" mais qu’elle "n’était pas sûre d’en être capable".
"Il y a quelque chose en moi qui s’impose et m’indique que s’il en avait été de la sorte (avoir une famille), je n’aurais peut-être pas été capable de faire cela (mener une carrière politique)", avait-elle confié.
A l’époque, elle soulignait ne pas avoir la vocation à devenir en politique "la première femme à faire quelque chose". "Je me suis engagée pour défendre ce que je pense être une vision d’un pays meilleur".