Après l’annonce du couvre-feu par Macron, l’heure de l’explication de texte

Au lendemain de l’annonce choc de couvre-feux nocturnes en Île-de-France et dans huit métropoles à partir de samedi, le gouvernement passe à l’explication de texte jeudi avec une conférence de presse de Jean Castex, face aux critiques de certains secteurs touchés comme la restauration.

Au lendemain de l’annonce choc de couvre-feux nocturnes en Île-de-France et dans huit métropoles à partir de samedi, le gouvernement passe à l’explication de texte jeudi avec une conférence de presse de Jean Castex, face aux critiques de certains secteurs touchés comme la restauration.

Mais cette communication gouvernementale a été d’emblée parasitée par des perquisitions ont eu lieu jeudi matin aux domiciles et bureaux du ministre de la Santé Olivier Véran et de l’ancien Premier ministre Edouard Philippe dans le cadre d’une information judiciaire ouverte par la Cour de justice de la République sur la gestion de la crise du coronavirus.

D’autres perquisitions ont été menées chez l’ex-ministre de la Santé Agnès Buzyn ou l’ex-porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye, le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, et la directrice générale de Santé Publique France, Geneviève Chêne.

Au total, depuis le début de la crise du coronavirus, 90 plaintes contre des ministres avaient été adressées à la CJR, seule instance habilitée à juger les membres du gouvernement pour l’exercice de leur fonction. Seulement 9 d’entre elles avaient été jugées recevables.

Mercredi soir, Emmanuel Macron a décrété un couvre-feu total à Paris et dans sa région, « où le virus circule très activement », ainsi que dans les métropoles de Lille, Grenoble, Lyon, Aix-Marseille, Montpellier, Rouen, Toulouse et Saint-Etienne.

Ces villes, qui concentrent près de 20 millions d’habitants, sont les plus touchées par la reprise de l’épidémie depuis la rentrée et le gouvernement prévoit d’étendre la mesure jusqu’au 1er décembre si le Parlement l’autorisait.

« Nous sommes dans une situation qui est préoccupante et qui justifie que nous ne soyons ni inactifs, ni dans la panique », a déclaré le chef de l’Etat lors d’un entretien sur TF1 et France 2 qui a été suivi par plus de 20 millions de téléspectateurs selon Médiamétrie.

Les derniers chiffres montrent encore une aggravation de la situation avec plus de 100 morts et 193 personnes admises en réanimation sur 24 heures. L’épidémie a déjà fait plus de 32.000 morts en France.

Le Premier ministre, Jean Castex, accompagné des ministres de la Santé, Olivier Véran, de l’Intérieur, Gérald Darmanin, de l’Economie, Bruno Le Maire, et du Travail, Elisabeth Borne, doivent détailler ces nouvelles mesures lors d’une conférence de presse à 14H00.

Le ministre des Comptes publics, Olivier Dussopt, a indiqué que se posera « très certainement la question du financement des mesures annoncées et qui seront précisées » par le Premier ministre, en évoquant la possibilité d’amender le budget 2021 en cours d’examen au parlement.

Hidalgo sur le terrain

A Paris, la maire PS Anne Hidalgo était pour sa part dès jeudi matin sur le terrain dans un centre de dépistage du Covid, puis dans un hôpital pour y rencontrer notamment le chef du service d’infectiologie.

Les services de la mairie et de la préfecture de police ont indiqué qu’ils travailleraient dès jeudi sur la mise en oeuvre des mesures annoncées avant une conférence de presse commune d’Anne Hidalgo et Didier Lallement, préfet de police, prévue vendredi en fin de matinée.

La présidente (ex-LR) de la région Ile-de-France Valérie Pécresse a estimé jeudi que le couvre-feu nocturne était « aujourd’hui la seule réponse crédible à cette situation assez dramatique ».

Sans surprise, les fédérations professionnelles du secteur hôtellerie-cafés-restauration (HCR) ont fustigé le couvre-feu, qui « équivaut à une refermeture des établissements » et est « lourde de conséquences pour le secteur ».

« Ce qu’on vise avec ce couvre-feu, c’est les rassemblements privés, parfois festifs, qui sont aujourd’hui une source importante, si ce n’est majeure, de contamination », a tenu à préciser jeudi le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal.

Le secrétaire d’Etat a dit entendre le « désarroi » et la colère des restaurateurs qui « sont finalement les victimes indirectes de ce couvre-feu ».

« On paralyse le pays parce qu’il manque de la place dans les hôpitaux », a déploré le président de l’Association des médecins urgentistes de France, Patrick Pelloux, selon qui Emmanuel Macron n’a pas pris « la mesure de la crise hospitalière ».

 « J’ai besoin de vous »

« Nous en avons jusqu’à l’été 2021 au moins avec ce virus, tous les scientifiques sont clairs », a prévenu Emmanuel Macron, en s’efforçant cependant d’envoyer un message positif alors que la défiance monte dans l’opinion. « J’ai besoin de chacun d’entre vous », a-t-il conclu.

Mais, à l’Assemblée nationale où le budget devait être examiné au même moment, les oppositions ont largement critiqué ces annonces. Avec le couvre-feu, les « hypothèses » économiques du budget 2021 ne « sont plus tenables », a dénoncé la députée LR Véronique Louwagie, alors que la patronne du groupe PS, Valérie Rabault, a jugé que le couvre-feu allait « affecter économiquement les restaurants et les salles de spectacles », en pointant « un défaut d’anticipation ». Un « budget mort-né », a encore dénoncé le LR Eric Woerth.

Autre conséquence politique de la crise sanitaire: une commission qui « va associer l’ensemble des forces politiques » va étudier un éventuel report des élections départementales et régionales prévues en mars 2021, a annoncé Gabriel Attal.

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