Le Liban, petit pays du Moyen-Orient miné par les crises
Le Liban, pays aux équilibres communautaires fragiles, a souvent été la victime collatérale de vives tensions régionales, pris en étau entre Israël et la Syrie.
Le Liban, pays aux équilibres communautaires fragiles, a souvent été la victime collatérale de vives tensions régionales, pris en étau entre Israël et la Syrie.
Frappé début août par une explosion meurtrière au port de Beyrouth, le pays traverse sa pire crise économique, marquée par un effondrement de sa monnaie, une inflation record, un bond du chômage et des restrictions bancaires draconiennes.
Ancienne puissance mandataire (1920-1943), la France est une alliée traditionnelle du Liban.
Entre Israël et la Syrie
Après 15 ans de guerre civile (1975-1990), le pays est passé de facto sous tutelle syrienne des années 1990 jusqu’au retrait des soldats syriens en 2005.
Malgré la fin de cette tutelle, les institutions politiques sont restées ralenties ou paralysées par les antagonismes entre pro et antisyriens.
En mars 1978, l’armée israélienne pénètre au Liban pour mettre fin aux attaques de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), qu’elle repousse jusqu’au fleuve Litani, avant de se retirer en juin.
Israël envahit une nouvelle fois le Liban en juin 1982 et établit une zone tampon pour assurer la sécurité des localités du nord d’Israël.
En 2006, une guerre oppose Israël au mouvement chiite Hezbollah, créé dans la foulée de l’invasion israélienne de 1982 et financé par l’Iran.
Le Hezbollah a reconnu en 2013 l’engagement de ses combattants dans la guerre en Syrie au côté du régime de Bachar al-Assad, une implication qui a divisé davantage la scène politique libanaise.
Et le conflit syrien a régulièrement débordé sur le Liban, où plusieurs attentats ont eu lieu.
Multiconfessionnel
Le Liban est un des plus petits Etats du Moyen-Orient avec un territoire de quelque 10.000 kilomètres carrés, bordé à l’ouest par la Méditerranée.
Considéré comme relativement libéral dans une région plutôt conservatrice, il abrite 18 communautés religieuses, et l’Etat est régi par un système complexe de partage du pouvoir entre les principales confessions. Le président de la République doit être chrétien maronite -cas unique dans le monde arabe-, le chef du gouvernement musulman sunnite et le président du Parlement chiite.
Dette colossale
Pour la première fois de son histoire, le Liban a annoncé en mars être en défaut de paiement.
Selon l’agence internationale Standard and Poor’s, le pays croule sous une dette de 92 milliards de dollars (78,3 milliards d’euros), soit près de 170% de son produit intérieur brut, l’un des ratios les plus élevés au monde.
En mai, le Liban a entamé des négociations avec le Fonds monétaire international pour obtenir une aide cruciale. Mais le processus est aujourd’hui au point mort.
Le ras-le-bol lié à la situation économique et aux blocages politiques à répétition, sur fond de corruption rampante, a déclenché en octobre 2019 un mouvement de contestation inédit contre la classe dirigeante, quasi inchangée depuis des décennies, accusée de corruption et d’incompétence.
En août, l’ONU a indiqué que plus de 55% de la population libanaise était « désormais prise au piège de la pauvreté » et 23% des Libanais se trouvaient dans une situation d’extrême pauvreté.
Réfugiés
Avec une population de 4,5 millions d’habitants, le Liban dit accueillir 1,5 million de réfugiés syriens, dont près d’un million inscrits auprès de l’ONU.
Plus des trois quarts des familles de réfugiés syriens vivent sous le seuil de pauvreté, selon l’ONU.
Selon un recensement officiel, 174.000 réfugiés palestiniens vivent également au Liban. Des estimations non-officielles parlent de 500.000.