Algérie: un scrutin législatif attiédi par une profonde crise économique
Les Algériens se rendront jeudi aux urnes pour des élections législatives éclaboussées par un contexte de profonde crise économique et d’austérité, laissant planer le spectre d’un taux d’abstention historique.
Du début à la fin, la campagne électorale a été, selon les observateurs, "morose", ne suscitant pas l’engouement de la population préoccupée par les mesures d’austérité imposées par la chute drastique des recettes pétrolières, qui enregistrent un manque à gagner de 70 % en moins de deux ans.
Faute de public, beaucoup de meetings ont été annulés, alors que les candidats tenaces ont dû se produire généralement dans des salles presque désertes.
Les scrutateurs s’attendent à une désaffection sans précédent, à l’image du politologue Rachid Tlemçani qui a avertit que l’Algérie risque d’enregistrer "le plus bas taux de participation de son histoire".
Ni le tapage médiatique ayant entouré ce scrutin, ni l’implication du Premier ministre qui a sillonné le pays, ni les appels du président de la haute instance électorale encore moins les candidats et les partis en lice, ne semblent dissiper les craintes d’une forte abstention.
Redoutant un faible taux de participation, le gouvernement a également impliqué les imams pour inciter les citoyens à se rendre dans les isoloirs, ce qui a été, visiblement, insuffisant pour faire bouger les foules, plutôt préoccupées par la situation économique inquiétante et une inflation galopante, ayant entrainé une forte hausse des prix des produits de première nécessité.
Selon Le Fonds monétaire international (FMI), la croissance de l’économie algérienne devrait ralentir substantiellement en 2017 et 2018 avec une importante hausse du taux de chômage.
La baisse du prix du baril, ramené de plus de 100 dollars à moins de 50 depuis juin 2014, a gravement affecté les équilibres financiers de l’Etat algérien, qui tire 95 % de ses recettes d’exportation et 60 % de son budget des hydrocarbures.
Pour atténuer l’impact du choc financier, le gouvernement a adopté une loi de finances 2017 d’austérité portant sur le gel de plusieurs projets d’infrastructures et instaurant de nouvelles taxes dans une tentative de compenser ces pertes pétrolières.
Lors des législatives de 2002, le taux de participation a atteint 46 %, contre seulement 35,65 % en 2007 et 42,90 % en 2012.