Algérie: l’armée dénonce le slogan « Etat civil, pas militaire » des manifestants

Dénoncer un « Etat militaire » en Algérie, comme le font les manifestants antirégime avec le slogan « Etat civil, pas militaire », ne repose sur aucune réalité mais vise à « détruire les fondements de l’Etat », a accusé jeudi le chef d’état-major de l’armée.

Depuis l’indépendance, l’armée fait "l’objet de campagnes farouches, à travers des débats et des polémiques menés par des cercles suspects sur le rôle et la place de l’Armée dans la société", a déclaré le général Ahmed Gaïd Salah lors d’un colloque, selon une transcription publiée par le ministère de la Défense.

Le haut commandement militaire est l’un des piliers du pouvoir depuis l’indépendance en 1962 et joue un rôle clé dans les mécanismes de décision, au sein d’un système extrêmement opaque. Certains observateurs lui attribuent même le "pouvoir réel".

Depuis la démission en avril d’Abdelaziz Bouteflika, président depuis 20 ans, face à un mouvement inédit de contestation, le général Gaïd Salah apparaît au grand jour comme l’homme fort du pays, au détriment de l’effacé président par intérim Abdelkader Bensalah.

"Il est clair que l’enjeu aujourd’hui, comme ce fut hier, est (…) de tenter de présenter des alternatives visant à détruire le lien de confiance solide entre le peuple et son armée", a estimé le chef d’état-major.

Il a pointé du doigt les tentatives "d’exploiter la conjoncture actuelle (…) pour détruire les fondements de l’Etat, à travers le slogan +Etat civil et non militaire+".

Ce slogan "vise à induire en erreur l’opinion publique nationale, en diffusant ces idées sournoises qui n’ont d’existence que dans l’esprit (…) de ceux qui les propagent", a-t-il dit.

Ces derniers mois, l’armée "a accompagné le peuple algérien dans ses aspirations (…) tout comme elle a préservé l’Etat et ses institutions", guidée par "sa conviction immuable de la nécessité de sauvegarder la sécurité et la stabilité de l’Algérie", a justifié le général Gaïd Salah.

Ce dernier a souligné ces derniers mois que lui ou l’armée n’avaient "aucune ambition politique".

La démission de M. Bouteflika, arrachée par la haute hiérarchie militaire, n’a pas calmé les manifestants qui continuent de défiler chaque semaine pour réclamer le remplacement du "système" par des institutions de transition.

Le général Gaïd Salah est régulièrement conspué par les manifestants qui rejettent aussi la présidentielle convoquée le 12 décembre par le pouvoir.

Le peuple a trouvé dans l’armée "un soutien total et une réaction favorable à ses revendications légitimes", a-t-il assuré jeudi.

Mais le "projet national que le peuple aspire à concrétiser, soutenu par son armée (…), sera mis en oeuvre par le président élu" le 12 décembre, a-t-il poursuivi, rejetant à nouveau tout changement institutionnel avant le scrutin.

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