Air cocaïne: l’Egypte extrade le Français Naudin vers la République dominicaine

L’Egypte a extradé jeudi le Français Christophe Naudin vers la République dominicaine, où il sera mis en examen pour association de malfaiteurs après son implication dans l’évasion de deux pilotes français condamnés localement pour trafic de drogue.

"C’est un service du ministère (français) des Affaires étrangères qui m’a prévenue qu’il était dans l’avion, en partance pour la République dominicaine via New York", a annoncé son épouse Michèle Naudin, jointe par l’AFP.

Criminologue et spécialiste de la sûreté aérienne, M. Naudin avait été arrêté le 4 février au Caire, à la suite d’un mandat d’arrêt émis fin novembre par la République dominicaine pour sa participation à l’évasion des deux pilotes français Pascal Fauret et Bruno Odos, condamnés à 20 ans de prison pour trafic de drogue dans l’affaire dite "Air Cocaïne".

"La France a apporté tout le soutien qu’elle pouvait à M. Naudin", a indiqué le ministère français des Affaires étrangères dans un communiqué, confirmant son extradition. "Notre ambassade à Saint-Domingue suit la situation de près et continuera à assurer la protection consulaire au bénéfice de M. Naudin".

"La République dominicaine a déjà annoncé qu’il allait être condamné. On sait qu’il n’y a pas de justice là-bas, la France le sait, on l’a laissé partir", a de son côté déploré Mme Naudin.

Attendu dans la nuit de jeudi à vendredi à Saint-Domingue, M. Naudin sera présenté devant un juge dans les 48 heures suivantes pour y être mis en examen pour association de malfaiteurs et trafic de migrants, risquant au moins dix ans de prison, a indiqué le procureur dominicain Francisco Dominguez aux journalistes.

Son procès "garantira tous les droits (de l’accusé, ndlr)", a-t-il déclaré avant d’ajouter que la justice ferait preuve de "toute la fermeté de l’Etat", qualifiant l’évasion d’"inadmissible, intolérable".

Un autre mandat d’arrêt, également émis fin novembre par la République dominicaine, vise le député européen Aymeric Chauprade et Pierre Malinowski, qui était alors assistant parlementaire à Strasbourg de M. Chauprade et de l’ancien président du Front national Jean-Marie Le Pen, pour leur implication présumée dans l’évasion.

-‘Mauvaise nouvelle’-

"C’était une opération de sauvetage de deux personnes condamnées à mort si elles étaient restées sur place", avait justifié en octobre M. Naudin, au micro de RTL.

Il avait expliqué avoir organisé "la partie opérationnelle" de la fuite rocambolesque des deux pilotes. "J’ai choisi au dernier moment le transbordement par mer", a-t-il poursuivi, soulignant qu’il se trouvait lui-même "sur le bateau de recueil".

L’extradition de M. Naudin est "une très mauvaise nouvelle pour notre pays", a estimé le sénateur français Olivier Cadic (UDI-UC, centre-droit), membre de son comité de soutien. Diplomatiquement, "on est passé à côté", "il y a un vrai souci pour la manière dont la France a géré" ce dossier, a-t-il affirmé à l’AFP.

Les pilotes Pascal Fauret et Bruno Odos avaient été arrêtés en mars 2013 par les autorités dominicaines, aux commandes d’un avion de location chargé de valises contenant 680 kg de cocaïne.

Anciens militaires reconvertis dans l’aviation d’affaires, ils ont toujours clamé leur innocence.

Condamnés en août 2015 à 20 ans de prison pour trafic de drogue, ils avaient fui le 28 octobre, alors qu’ils attendaient l’examen de leur appel, vers la France, passant par l’île antillaise franco-néerlandaise de Saint-Martin puis par la Martinique.

Ils ont depuis été placés en détention provisoire par la justice française, qui enquête sur ce vaste trafic international de drogue, même si Paris écarte toute extradition pour ces deux hommes, visés par un mandat d’arrêt international de Saint-Domingue.

Leur condamnation a été confirmée en appel le 11 février par la justice dominicaine.

En Egypte, Christophe Naudin était employé par une compagnie étrangère chargée par les autorités égyptiennes d’évaluer les mesures de sécurité à l’aéroport du Caire.

L’Egypte cherche en effet à renforcer la sécurité dans ses aéroports depuis l’attentat le 31 octobre contre un avion charter russe dans le Sinaï, qui a coûté la vie aux 224 personnes à bord et a été revendiqué par la branche égyptienne du groupe jihadiste Etat islamique (EI).

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