"Les ministres istiqlaliens sont toujours en poste et le gouvernement a été informé jeudi par son chef Abdelillah Benkirane que Sa Majesté le Roi accorde toujours sa confiance au gouvernement qui est mobilisé pour mettre en œuvre les réformes prévues par son programme", a affirmé Mustapha El Khelfi à l’issue de la réunion hebdomadaire du gouvernement. Il a cité notamment les réformes de la Caisse de compensation, les caisses de retraite, le régime fiscal et la justice.
Le renouvèlement de la confiance transmis jeudi au gouvernement signifierait, selon les observateurs, que le souverain marocain aurait eu un entretien téléphonique avec Abdelillah Benkirane.
L’Istiaqlal a créé une crise gouvernementale après que son conseil national (parlement interne) ait décidé il y a quelques jours le retrait du parti du gouvernement. En déplacement à l’étranger, le souverain a demandé le maintien dans leurs postes des ministres istiqlaliens afin d’assurer la bonne marche du gouvernement.
Cette décision a été jugée inopportune et intempestive au sein même du parti de l’Istiqlal. Les sorties incendiaires de son secrétaire général, Hamid Chabat, qualifié de troublion n’ont pas été appréciées du tout.
Pour le journal +Akhbar Al Yaoum Al Maghribia+ de jeudi, la crise gouvernementale est entrée dans sa deuxième semaine sans grande perspective d’issue, le Secrétaire général de l’Istiqlal continuant de jeter de l’huile sur le feu dans une tentative d’exercer des pressions sur son rival en attendant l’issue de l’arbitrage royal.
Le Chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, continue d’affirmer, lui, que le gouvernement se porte bien, alors que les porte-voix médiatiques des deux partis sont en guerre ouverte à travers des tirs nourris, poursuit le journal.
S’interrogeant sur les revendications des deux hommes, l’éditorialiste du journal estime qu’alors que Hamid Chabat réclame la reconfiguration totale de la composition du gouvernement en vue notamment de chasser les ministres istiqlaliens pro-Abbas El Fassi, prendre les commandes de certains départements ministériels gérés par d’autres partis de la majorité et de voir reportées à 2015 les prochaines élections communales, Benkirane, lui, réclame du SG du parti de la Balance de laisser de côté son langage "guerrier" et de se comporter en un partenaire et allié au sein du gouvernement et non pas en tant que membre de l’opposition, de proposer de nouveaux noms de ministrables au sein du parti, de respecter le Chef du gouvernement et de se comporter en tant que chef de parti de la majorité et non pas comme un syndicaliste qui menace de renverser la table chaque fois qu’il ressent que ses revendications n’ont pas été satisfaites.
Les revendications des deux hommes sont donc opposées puisqu’elles émanent de deux visions différentes non seulement en ce qui concerne le mode de gestion de la chose publique mais aussi en ce qui se rapporte à la défense de ses intérêts et de ceux de son parti, pousuit-il.
Pour l’auteur de l’éditorial, quand l’Istiqlal participe à un gouvernement dont le Chef a fait de la lutte contre la rente et la corruption l’une de ses priorités, un Exécutif qui refuse le recrutement des diplômés chômeurs sans concours et ouvre la porte des nominations aux hautes fonctions devant les différentes candidatures, cela risque de menacer les intérêts du parti de la Balance, puisque Chabat a le sentiment que Benkirane est le premier bénéficiaire de ce gouvernement comme en témoigne le résultat du parti de la Lampe lors des élections législatives partielles malgré le faible rendement du gouvernement.