L’affaire débute il y a cinq ans, quand Fatima Afif revient voilée de congé parental alors que le règlement intérieur de la crèche Baby Loup qui l’emploie impose de respecter la « neutralité religieuse ». Estimant que le port de son foulard est non négociable, elle refuse d’appliquer les nouvelles règles en vigueur et se voit licenciée pour insubordination. Jugeant ce renvoi discriminatoire, la salariée porte plainte aux prud’hommes.
Le 19 mars, au bout de plusieurs années de bataille devant les tribunaux, la plus haute institution judiciaire a annulé le licenciement d’une salariée de la crèche Baby Loup, renvoyée en 2008 au motif qu’elle portait le voile au travail. Explication : le principe de laïcité, pourtant pilier de la Constitution, ne s’applique pas aux entreprises privées. En outre, le règlement intérieur de Baby Loup, une crèche privée selon les magistrats, n’était pas suffisamment précis. Deux principes se sont opposés : celui de la laïcité d’une part, celui de la liberté religieuse d’autre part. En l’espèce, c’est le second qui a prévalu.
Cet arrêt de la Cour de cassation a provoqué une telle émotion médiatique que même le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, s’est permis de commenter une décision de justice dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
François Hollande, qui a demandé au premier ministre de réunir tous les groupes politiques pour envisager une loi sur le port de signes religieux dans l’entreprise, va demander à Jean-Louis Bianco de rencontrer rapidement le défenseur des droits, Dominique Baudis, pour travailler sur ce sujet.
Mais des voix invitent à modérer le débat et à éviter toute surenchère. "Il faut se calmer sur la question de la laïcité. Il est temps de rappeler les règles de bon sens", a confié dimanche à Atlasinfo un proche de ce dossier, estimant qu’il faut une "application sereine de ce principe, loin de toute excitation".
"Le rôle de l’Etat n’est pas de créer des polémiques inutiles", a-t-il dit.