Tirs de l’armée algérienne sur des Marocains à la frontière: Rabat convoque l’ambassadeur d’Alger
Le ministre marocain des Affaires étrangères et de la Coopération, Salaheddine Mezouar, a annoncé avoir convoqué l’ambassadeur d’Algérie à Rabat pour lui faire part de la condamnation du Royaume et lui demander des explications sur les tirs lancés samedi par un élément de l’armée algérienne sur une dizaine de civils marocains à la frontière maroco-algérienne.
« Nous avons convoqué l’ambassadeur d’Algérie au Maroc pour lui faire part de notre protestation et notre indignation et pour lui demander des explications sur cet acte malheureux qui a visé des Marocains civils », a relevé M. Mezouar qui s’exprimait lors d’une conférence de presse conjointe avec le ministre de l’Intérieur, M. Mohamed Hassad et le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, M. Mustapha El Khalfi.
M. Mezouar a également souligné que, suite à cette escalade sans précédent, le gouvernement a décidé de répondre en toute fermeté à cet incident en totale contradiction avec les règles du droit international et celles du bon voisinage que le Maroc veille à respecter.
Le ministre de l’Intérieur a, pour sa part, qualifié d’"acte frivole" les tirs qui ont grièvement atteint un civil marocain au visage, en relevant la nécessité de sécuriser la frontière.
"Nous devons travailler ensemble pour sécuriser la frontière", a-t-il souligné, rappelant la saisie la semaine dernière de plus de 30.000 comprimés psychotropes en provenance de l’Algérie.
"Il faut que cette affaire soit tirée au clair et le responsable de cet acte soit traduit en justice", a-t-il insisté, appelant les autorités algériennes à assumer pleinement leur responsabilité.
"Le tir visait la personne, ce qui veut dire que l’intention a été probablement de le tuer", a indiqué le ministre lors de cette conférence de presse qui s’est déroulée en présence du ministre délégué auprès du ministre de l’Intérieur, M. Charki Draiss et de la ministre déléguée auprès du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Mme Mbarka Bouaida.
"C’est un geste absolument incompréhensible", a-t-il déploré, relevant qu’il s’agit d’une personne qui habite dans un douar près de la frontière alors que dans tous les pays du monde, les personnes qui habitent dans les zones frontalières bénéficient d’un traitement particulier.
"Ce n’est pas la première fois qu’un évènement pareil survient (..) le 17 février 2014, il y avait des tirs qui ne visaient pas la population frontalière mais qui visaient des postes de gardes-frontières marocains", a-t-il rappelé.
Le ministre de l’Intérieur a mis en garde contre les répercussions de tels incidents. "Quand on commence à tirer sur les populations et sur les gardes-frontières, on peut aboutir à des situations que l’on ne pas maîtriser", a-t-il averti.
Le ministre a fait savoir que le gouvernement marocain a décidé d’alerter l’opinion publique marocaine, algérienne et internationale sur les risques de ce genre de comportements.
Dans un communiqué du gouvernement lu par M. El Khalfi lors de cette conférence de presse, le Maroc a exprimé sa "vive indignation" et sa "très grande inquiétude" suite à ces tirs.
"Vers midi de ce jour, un élément de l’armée algérienne a tiré 3 balles sur une dizaine de citoyens civils marocains au niveau du tracé frontalier du douar Oulad Saleh, commune rurale Beni Khaled, située à 30 kms au Nord Est de la ville d’Oujda", indique le communiqué.
La même source précise qu’une personne a été grièvement atteinte au visage, relevant qu’il s’agit du dénommé Salhi Razqallah, âgé de 28 ans, marié, père d’un enfant, originaire de ce douar frontalier. Il a été évacué vers l’hôpital Al Farabi d’Oujda et son état de santé est jugé très critique par les médecins, selon le communiqué.
"Le Gouvernement du Royaume du Maroc proteste vigoureusement contre cette atteinte directe et inadmissible à la vie de citoyens civils marocains par l’armée algérienne et dénonce un acte irresponsable qui s’ajoute à d’autres agissements provocateurs constatés dernièrement au niveau des frontières", affirme le communiqué.
Le Royaume du Maroc condamne "cet acte injustifié qui viole les règles élémentaires de bon voisinage et va à l’encontre des liens historiques et du sang qui unissent les deux peuples frères", souligne le communiqué du gouvernement.
Il appelle, en outre, le gouvernement algérien à assumer sa responsabilité conformément aux règles du droit international et à fournir aux autorités marocaines les explications nécessaires, ajoute le communiqué.