A Marrakech, les restaurants de la place Jamaa El Fna font peau neuve
Depuis quelques semaines, les restaurants de la mythique place Jamaa El Fna de Marrakech, classée au patrimoine de l’Unesco, présentent tous le même habillage ocre, couleur de la cité marocaine dont le coeur touristique a été rénové pour répondre aux normes internationales.
Ce n’est véritablement qu’à la tombée de la nuit que Jamaa El Fna s’anime pleinement et se remplit de milliers de personnes, venues manger dans ces petits restaurants installés sous une simple toile et alignés les uns à côté des autres.
Chaque soir, le spectacle est immuable: au son des charmeurs de serpents, l’activité décuple sur la plus célèbre place de Marrakech, classée au Patrimoine de l’humanité.
Au centre de la place millénaire, les conteurs rassemblent en cercle autour d’eux des dizaines de touristes locaux et étrangers, pour les transporter dans des histoires vieilles de plusieurs siècles.
"On veut être dans les standards internationaux, notamment en matière d’hygiène et de sécurité", explique à l’AFP Abdellatif Abouricha, responsable communication du Conseil régional de tourisme (CRT).
La restauration a coûté quelque deux millions de dirhams (180.000 euros), 30.500 par stand (2.800 euros), payés principalement par les restaurateurs eux-mêmes.
Tajines et thé à la menthe
Si les 63 stands, qui servent à eux seuls plus de 12.000 couverts par jour, sont désormais plus modernes, la nourriture, elle, ne change pas, entre tajines marocains, grillades "méchoui" et fameux thé marocain à la menthe. Le prix d’un repas va de 10 dirhams (1 euro) à 150 dirhams (près de 14 euros).
"Ce changement est bien pour nous, et pour Marrakech. Les gens sont curieux de venir voir ce qui a changé", explique Mbareck Bendich, président de l’association des restaurateurs de Jamaa El Fna.
Hayat, une touriste marocaine, est venue en famille de Rabat pour "faire découvrir à (ses) filles le patrimoine culinaire marocain". "C’est une authentique cuisine marocaine, c’est notre patrimoine", dit-elle.
En plus des Marocains, "on traite avec des Espagnols, des Français, des Italiens, des Japonais, des Américains, des Allemands, des Emiratis, des Saoudiens…", énumère fièrement Abousaïd Mohamed Amine, restaurateur de père en fils depuis plus de 40 ans.
Erwin, venu des Pays-Bas, évoque une "atmosphère fantastique". "C’est pour cela que nous somme venus manger ici, au milieu de cette place", ajoute-t-il.
Le Maroc enregistre quelque 10 millions de visiteurs chaque année, Marrakech constituant avec Agadir, sur la côte Atlantique, la destination la plus prisée, et a l’ambition de doubler ce chiffre à l’horizon 2020.
Mais le royaume est confronté à un tassement de la demande européenne, son principal marché, du fait des tensions régionales.
Selon le Syndicat des agences de voyages françaises (Snav) et l’agence de promotion touristique de la France, la ville de Marrakech a enregistré 46% de volume d’affaire en moins de janvier à avril 2015.
Les autorités de la ville reconnaissent une baisse de "l’activité touristique enregistrée au niveau des établissements d’hébergement classés", mais l’expliquent par "le phénomène de l’hébergement informel qui ne cesse de croître", et qui échappe aux statistiques.