Au cœur de ce débat, une juste répartition du fardeau que constitue cette immigration clandestine en provenance des côtes libyennes. Sous le choc des flots qui se déversent sur l’Europe, les pays de l’Union avaient eu un sursaut politique et sécuritaire. Faire en sorte d’accueillir plus de réfugiés pour alléger la pression sur l’Italie et réfléchir aux solutions militaires et politiques pour arrêter cette hémorragie et reconstruire la digue libyenne qui avait sauté avec la chute du régime de Kadhafi.
Un pays comme l’Italie est au bord de la crise de nerfs. Le premier ministre italien Matteo Renzi est presque sorti de ses gonds en faisant miroiter un plan B dans le cas où les pays de l’UE ne revoient pas à la hausse leur niveau de solidarité. Les deux pistes proposées par le jeune et bouillant Premier ministre italien font froid dans le dos des Européens. La première est de délivrer un permis de séjour d’un an aux candidats à l’immigration qui les autorise à circuler librement sur le territoire de l’Union au nom de la convention de Schengen et du pacte de Dublin sur l’Asile. La seconde piste est d’empêcher par la force s’il le faut les bateaux qui déroutent les embarcations de l’immigration clandestine vers les ports italiens.
La gravité et les conséquences désastreuses de tels propos indiquent clairement que le Premier ministre italien est entré dans une logique de surenchères pour pouvoir peser sur l’agenda du sommet européen du 25 juin. Cette dramatisation politique à l’italienne ne sera pas sans effet. Elle obligera les pays européens à contourner les obstacles de leurs opinions domestiques réticentes et frileuses et à ouvrir d’avantage leurs portes aux réfugiés. Elle posera en des termes aigus la nécessité de tarir ce flot d’immigrés en essayant d’agir à la racine de la crise et de l’hémorragie. Les espoirs de l’Union européenne, pour ne pas envisager les scénarios les plus catastrophiques, ésident dans la capacité des protagonistes Libyens à parvenir à un compromis politique qui reconstruira la digue libyenne.