France/Syrie: des livraisons d’armes secrètes aux rebelles malgré un embargo, selon un livre

La France a livré des armes offensives aux rebelles syriens en 2012 en dépit d’un embargo européen en vigueur depuis 2011, assure un ouvrage intitulé "Dans les coulisses de la diplomatie française" à paraître le 13 mai.

"Nous avons commencé quand nous avons eu la certitude qu’elles iraient dans des mains sûres. Pour les armes létales, ce sont nos services qui ont procédé aux livraisons", a déclaré le président français François Hollande à l’auteur de l’ouvrage (éditions L’Archipel), Xavier Panon, lors d’un entretien en mai 2014.

Selon ce journaliste, spécialiste des questions diplomatiques et militaires, la France a remis aux rebelles syriens en guerre contre le régime de Bachar al-Assad, des canons de 20 mm, des mitrailleuses de 12,7 mm, des lances-roquettes et des missiles antichars.

Les livraisons entamées au deuxième semestre 2012 ont été irrégulières et visaient plus à aider la rébellion que d’avoir un impact décisif en changeant le cours de la guerre, selon l’auteur.

A l’époque, un embargo européen sur les armes était en vigueur depuis juin 2011. Il a été levé le 29 mai 2013. Jusqu’à présent, la France n’avait admis officiellement que des livraisons d’armes dites non létales (n’ayant pas vocation à tuer) aux rebelles, des gilets pare-balles ou des lunettes de visée nocturne.

Pour ces livraisons secrètes, "nous avons dû nous entourer d’un maximum de garanties", a indiqué à l’auteur sous couvert d’anonymat un témoin, en évoquant l’effacement de toute trace d’origine des armes et la mise en place d’une chaîne politico-militaire donnant "toute assurance de contrôle et de destination finale sûre".

De Nicolas Sarkozy (2007-2012) à François Hollande, entré en fonctions en 2012, l’ouvrage revient sur une série d’avancées et de reculades diplomatico-militaires, alimentées par des citations des acteurs impliqués dans la vie diplomatique et militaire française (outre le chef de l’Etat, des ministres, des conseillers…).

Parmi les épisodes abordés, figure celui évoquant la préparation avortée à la fin de l’été 2013 de frappes aériennes contre le régime syrien.

L’ouvrage évoque certaines cibles alors retenues – le "service de renseignement de l’armée de l’Air syrienne qui contrôle le système chimique" – et souligne, en citant un conseiller, que l’action aérienne dont n’ont finalement pas voulu les Etats-Unis, avait un double objectif: changer la "donne politique" en Syrie et déstabiliser la Russie, soutien de Damas, pour qu’elle change son approche du conflit.

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