Marrakech Security Forum : En quête de réponses pertinentes aux menaces sécuritaires guettant l’Afrique
Il y a péril en la demeure, alertent les participants à la 6ème édition du Marrakech Security Forum (13-14 février) pour dépeindre le caractère intrinsèquement pernicieux des multiples menaces sécuritaires qui planent sur l’Afrique et qui risquent de gangrener ses économies et torpiller tout effort de développement dans le continent.
Des "actions urgentes", tel était le maître-mot des différentes interventions prononcées lors des séances plénières tenues lors de la première journée de ce conclave cosmopolite où les participants se sont extirpés, ne serait-ce qu’un moment, de leurs appartenances respectives pour parler le même langage et formuler les mêmes supputations, craintes et aspirations.
Les Etats-nations africaines doivent mettre les bouchées doubles pour contenir, sous peu, les risques sécuritaires en vue de les éradiquer, a déclaré à la MAP le conseiller spécial à la présidence de la République camerounaise, Narcisse Mouelle Kombi, pour qui, le terrorisme est la menace la plus "accablante" qui commence à ronger plusieurs pays africains.
En Afrique, il y a des mutations fortes, le terrorisme étant devenu massif et territorial, a-t-il analysé, expliquant que l’acte terroriste, à l’heure qu’il est, ne renvoie plus uniquement à une action ponctuelle localisée dans l’espace, mais a, malheureusement, pris la forme d’un groupe installé et occupant un territoire.
Il faut penser la lutte anti-terroriste dans un cadre global, certes, sans, pour autant, faire litière des spécificités politique, ethnique et socio-économiques de chaque pays pris à part.
"Il n’y a pas de modèle unique pour venir à bout de la déferlante terroriste", pour citer M. Mouelle Kombi. Pour lui, il sied de faire montre de lucidité et de sagacité pour développer une approche globale de lutte anti-terroriste, imbue d’une marge de manœuvre permettant de réajuster le mode d’action en fonction de chaque contrée ou région.
D’autres interventions ont fait état d’imposantes fragilités sécuritaires à l’image de celles sévissant en Afrique du Nord où l’AQMI (Al-Qaida au Maghreb islamique) ainsi que d’autres groupes radicaux ont su tirer parti de ce climat politique instable, en étendant leur emprise sur plusieurs régions allant de la Libye au Mali, tout en essayant de pénétrer dans le territoire tunisien et renforcer des positions en Algérie.
Et de faire observer que la faiblesse des mécanismes régionaux de coopération en Afrique du Nord constitue un facteur aggravant les menaces sécuritaires.
Au-delà des incidences découlant des chambardements qu’a connus le monde arabe, les fragilités sécuritaires en Afrique du nord tiendraient, dans une large mesure, à la faiblesse des institutions de certains pays, aux tensions sociopolitiques y régnant et aux carences d’ordre social et économique, telles le dénuement, la corruption et le chômage, ont-ils souligné.
De même, ont-ils fait remarquer, la défaillance de "l’idée nationale" chez certains peuples de la région en est aussi pour quelque chose, dans la mesure où l’absence de cette composante sape tout projet de lutte contre l’insécurité et l’instabilité.
"C’est cette idée-là qui a permis à un pays comme la Tunisie de redresser les dérapages et d’éviter au berceau du Printemps arabe de plonger dans la chaos", ont-ils soutenu.
Et de relever, par ailleurs, que la domination de l’esprit d’appartenance infra-étatique et du tribalisme ont favorisé l’avènement d’une guerre intestine en Libye.
Fidèle à sa vocation de terre d’accueil et de dialogue, la ville de Marrakech ne cesse au fil des ans, de conforter sa réputation de terre de rencontres des civilisations et de brassage des cultures.
Après une année 2014 marquée par une série d’événements grandioses, tels le GES et le FMDH, pour ne citer que ceux-ci, les fora et rencontres d’envergure internationale dans la cité ocre repartent de plus belle avec la tenue, les 13 et 14 février, de la 6ème édition du Marrakech Security Forum qui passe au peigne fin, cette année, une thématique tout aussi pertinente que "L’Afrique face aux menaces transnationales et asymétriques".