Surveillance des frères Abdeslam : un rapport accable la Belgique
La « police des polices » pointe du doigt des « manquements » qui ont permis aux deux hommes d’échapper à la surveillance dont ils auraient dû faire l’objet.
Le rapport met en lumière une série de « manquements » qui ont permis à Brahim Abdeslam – l’un des kamikazes de Paris – et à son frère Salah – seul survivant des commandos – d’échapper à la surveillance dont ils auraient dû faire l’objet, explique mardi le quotidien Le Soir, qui a pu en consulter les grandes lignes. Le comité P estime que le non-traitement d’une information fournie par une enquêtrice de police de Molenbeek, commune d’origine des frères Abdeslam dans l’agglomération bruxelloise, a « affaibli » l’enquête.
La presse belge avait fait état du témoignage de cette enquêtrice qui avait affirmé avoir repéré dès l’été 2014 la radicalisation des frères Abdeslam et qu’un meilleur suivi de ses informations aurait, selon elle, permis de neutraliser les deux frères. En mars, le parquet fédéral belge et le directeur de la police judiciaire ont répliqué que ces informations étaient trop lacunaires et qu’elles n’auraient en aucun cas permis d’arrêter les deux futurs membres des commandos djihadistes de Paris.
Une enquête menée à charge ?
En janvier 2015, le nom des Abdeslam ressurgit lorsqu’un autre inspecteur apprend que Brahim et Salah Abdeslam cherchent à se rendre en Syrie. Les deux hommes sont alors interrogés par la police, mais ils ne sont pas inculpés. Le parquet fédéral demande dans les mois qui suivent des vérifications supplémentaires à la DR3, la cellule antiterroriste de la PJ, dont l’examen de leurs communications téléphoniques et la vérification de leurs emails, selon Le Soir. Mais, faute de temps et de moyens, ni la PJ ni d’autres services ne procèdent à ces vérifications, affirme le rapport.
Le parquet relancera la DR3, mais celle-ci n’apportera pas d’éléments neufs et le dossier sera classé sans suite le 21 avril 2015, sept mois environ avant les attaques de Paris. Le dossier, communiqué mardi lors d’une réunion à huis clos de la « commission parlementaire de suivi du comité P », y a été fraîchement accueilli, plusieurs de ses membres dénonçant devant la presse une enquête menée « à charge » contre la police. La commission a exigé que les services incriminés puissent répondre aux critiques avant sa prochaine réunion la semaine prochaine.