Le Pacte Mondial sur les Migrations en conclave à Marrakech : « une urgence pour l’Humanité »
Abdellah Boussouf, Secrétaire général du CCME*
Au moment où des lois les plus abjectes contre les migrants se généralisent en Europe et dans d’autres contrées du monde, on oublie l’apport des migrants et de leurs enfants dans les domaines des sciences, des lettres, de la recherche et de l’innovation. Et, si l’Organisation des Nations Unies (ONU) a choisi le Royaume du Maroc pour abriter cette cession finale, suite à des négociations qui ont duré plus de 18 mois aboutissant le 18 juillet 2018 à une version finale, c’est parce que le Royaume a toujours été un acteur dans cette dynamique. Et qu’il est un pays de migration, d’immigration et de brassage dans le respect et la dignité.
Le Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME) et ses réseaux de migrants marocains et au-delà a était présent dans toutes les étapes de cette mobilisation et notre rencontre du 8 et 9 décembre à Marrakech avec notre partenaire « Plateforme diaspora Africaine en Europe pour le développent » sera notre moment fort pour partager notre expertise de plus de 10 ans d’engagement au service des valeurs de la migration et du développement.
Dans chacune des étapes de négociation des délégué(e)s de la société civile du monde entier, ONG et syndicats étaient présents avec des propositions constructives en faveur des droits des migrants. Il a fallu trois années pour qu’une ébauche de convention voit le jour avec 23 objectifs, socle d’un réseau mondial pour promouvoir le principe de coopération et de solidarité. Le but est de créer une vision globale du phénomène de la migration et de l’asile en vue d’un partage des responsabilités entre nos différents pays, tout en respectant le principe de la souveraineté nationale et la défense les différentes conventions des Droits de l’Homme.
Notre concorde à Marrakech va reconnaître la migration comme une valeur ajoutée pour le développement social mondial. Nos échanges d’informations et des expériences visent à renforcer l’intégration des migrants dans les sociétés de résidence et de rendre visible leurs apports au développement social et culturel dans notre monde.
Ces nouvelles perspectives ont pour objectif de mettre fin aux discours de la haine. Grâce à notre implication collective, nous pouvons mettre fin aux pratiques criminelles et immondes des réseaux mafieux de traite des êtres humains.
Toutefois la route de Marrakech n’est pas pavée de roses. La carte politique mondiale a changé avec des retraits inattendus du Pacte Mondial pour la Migration. À ce jour, la liste des retraits de la « déclaration de Marrakech » comprend les États-Unis d’Amérique, l’Autriche, la Hongrie, Pologne, la Bulgarie, la Croatie, la Slovénie, la République tchèque, la Slovaquie, le Brésil, la Suède. Quant au nouveau gouvernement italien, il ne ratifiera rien tant que le parlement aux couleurs de l’extrême droite populiste ne s’est pas prononcé.
Le pacte pour une migration dite « Sûre, Ordonnée et Régulière » n’a pas de caractère contraignant pour les États signataires. Malgré cela, il ne satisfait pas les partis au pouvoir dans ces pays, qui œuvrent pour plus de restriction en matière de migration et d’asile.
Nous souhaitons avec les milliers d’acteurs et d’actrices de nos diasporas de concrétiser la volonté des Etats du Sud et de la société civile mondiale afin de faire de cette cession de clôture de Marrakech les 6 et 7 décembre 2018 temps fort un monde plus juste et plus ouvert sur nos diversités. Notre plus profond souhait, est que ce Pacte Mondial pour une migration dite « Sûre, Ordonnée et Régulière » soit le démarrage d’une stratégie gagnant-gagnant.
Dès 2015 et grâce à des personnalités tels que l’ancien président Barak Obama, plus de 190 pays ont adopté l’appel de New-York qui était une prémisse du lancement d’une série de conférences avec comme thématique principale : Pour une Migration dite « Sûre, Ordonnée et Régulière ».
Les travaux du Forum mondial à Marrakech dans sa onzième session sont présidés conjointement par le Maroc, les Nations Unies et la Conférence internationale sur le Pacte Mondial sur les Migrations dite « Sûre, Ordonnée et Régulière ». Cette rencontre connaîtra une couverture médiatique internationale. Une occasion pour faire entendre la voix des migrants.
*Conseil de la communauté marocain à l’étranger