Thé amer : Le plus beau tamis du monde

Chronique –  C’est l’histoire d’une communication ratée et d’une pédagogie inexistante. Un rendez-vous manqué entre les grands projets, les chantiers, les réalisations, les programmes et sous-programmes et les citoyens marocains. Du haut de leurs postes de ministres, ils ne se sont pas sentis obligés d’informer les femmes, les hommes, les jeunes et moins jeunes de ce pays de ce qui se faisait ou pas, se construisait ou pas, se préparait ou pas. On ne parle pas ici de communiquer comme on saupoudre de la poudre aux yeux mais d’informer, expliquer, faire savoir au nom du sacro-saint et non vain droit à l’information.

Les bureaux ministériels sont très vite devenus tours d’Ivoire puis citadelles imprenables. Les chantiers ne s’arrêtaient pas de jour comme de nuit. Les programmes étaient adoptés, remplacés, requalifiés. Le quantitatif était la règle. Les intitulés, eux, emplis de belles promesses de lendemains meilleurs : école pionnière, Forssa, Idmaj, Taehil… A la manœuvre, des communicants qui ont trouvé l’idée du siècle : pas besoin de communiquer, les réalisations parlent d’elles -mêmes !

Oui, il ne faut pas communiquer, mettre sous emballage des actions et les marketter pour façonner un bilan, établir des statistiques, dessiner des courbes et des graphes. L’information, la vraie, a cruellement manqué à l’appel. Il n’y a pas eu explication de texte et encore œuvre de pédagogie.

Personne n’a pris la peine d’expliquer que les stades construits ou rénovés ne priveraient pas le pays d’écoles et d’hôpitaux. Personne n’est venu faire comprendre, démontrer, développer que l’organisation de la Coupe du Monde de football en 2030 ne saurait se substituer à un projet de société mais offrait de belles opportunités pour le Maroc.

Résultat, l’essentiel a été raté. Et l’essentiel réside dans l’adhésion du plus grand nombre qui ne s’est pas approprié les réalisations, faute d’explication.  On a opposé les stades aux écoles, les infrastructures ultra-modernes aux hôpitaux.  Faut-il y voir juste du populisme ? Ce serait une manière bien commode de mettre la poussière sous le tapis. Le plus beau tamis du monde est incapable de cacher le soleil.

En fait, il ne s’est trouvé personne dans cette sphère gouvernementale pour expliquer aux Marocains pourquoi tout est prioritaire, urgent, important. Leur parler, débattre avec eux, les écouter aussi et surtout. C’est peut-être cela la différence entre un chef de l’Exécutif profondément politique et un Premier ministre tombé en politique.

Reste enfin la plus grande crainte, l’immense inquiétude. Que ceux au pouvoir et qui veulent y revenir en 2026, confondent informer les citoyens et faire fonctionner la machine à propagande.

 

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